Bertrand Cantat - Photo Maxppp |
Depuis que Détroit existe, les commentaires vont bon train. On l'a encore constaté à Marseille, en mai dernier, lors du concert du groupe au Moulin. Mélange de malaise et d'euphorie, de morceaux (trop) lourds de sens et de titres majeurs de Noir Désir, la date marseillaise n'a pas laissé de marbre.
Bien qu'avec le temps, ses apparitions sur scène suscitent de moins en moins d'émoi et que Détroit gagne de plus en plus en légitimité, la venue de Bertrand Cantat quelque part s'accompagne toujours d'un parfum de soufre.
Ce soir, c'est à Arles, pour les Escales du Cargo, que l'ex-leader de Noir Désir délivrera le rock tourmenté et terrassé, animal et instinctif, issu de son premier album après l'apocalypse, le meurtre en 2003 de Marie Trintignant.
Difficile en effet de faire abstraction du passé, voire du passif, du personnage. D'autant que Horizons, le disque de Détroit, rappelle, derrière chacun de ses barreaux, le drame de Vilnius. Certains n'accepteront jamais de voir revenir Bertrand Cantat dans la lumière.
D'autres arrivent à voir encore l'artiste au-delà de l'homme. Pour l'équipe du Cargo de Nuit, il n'est par exemple question que de musique. Et de bonne musique. "C'est un groupe tout neuf, dans lequel on retrouve énormément de Noir Désir, et leurs concerts montent en puissance, assurait récemment Jean-Marc Pailhole, le programmateur, dans une interview accordée à La Provence. Je sais qu'avec eux, il va se passer un truc incroyable".
"Je dois faire de la musique pour vivre"
Il faut dire que Bertrand Cantat a été le leader d'une des plus influentes formations de rock français de ces dernières années. Qu'il s'est entouré de Pascal Humbert, jadis membre de Passion Fodder et 16 Horsepower, deux groupes frères de Noir Désir, autant hantés par la route et les mythes du rock américain.
Et que la griffe de Noir Désir s'entend toujours dans Horizons, bien que les ciels fougueux et ventés des années 90 aient laissé place à des orages lourds, latents, prêts à gronder, dans les années 2000.
Il y avait effectivement de l'électricité dans l'air à Marseille, en mai dernier. De l'électricité parce que Bertrand Cantat n'a rien perdu de son magnétisme. Et que l'on sent, derrière la performance, l'instinct de survie. Ça peut même en devenir malsain.
"La scène est un espace qui m'est plus naturel que la vie... Quand je vois à quel point je suis doué pour la vraie vie, je préfère encore être sur scène, ironisait-il dans la seule interview qu'il a accordée aux Inrocks. La scène, ça me pousse vers un truc salvateur, qui me nettoie. Et puis je n'ai pas le choix : je dois faire de la musique pour vivre aujourd'hui." On se passera de commentaire.
Ce soir 21h, théâtre antique, Arles. 33,80€
Annabelle Kempff La Provence du 23 juillet 2014
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