mardi 22 juillet 2014

Ce que la musique de Johnny Winter nous a apporté



Le décès de Johnny Winter (John Dawson Winter III pour l'Etat civil) a été annoncé par une simple publication sur sa page facebook ainsi qu'un bref communiqué de sa famille.

C'est une page du blues et du rock'n'roll qui se tourne certes. Mais que nous a il apporté à nous auditeurs de ses disques, spectateurs de ses concerts ? Il faut peut être revenir sur la biographie du musicien pour en avoir une petite idée.


Johnny Winter était né le 23 février 1944, dans la petite ville texane de Beaumont, coincée entre Houston, la Louisiane et la côte du golfe du Mexique. Son père exploitait une plantation de coton. Il était le frère aîné d'Edgar Winter, un albinos comme lui, qui a lui aussi connu du succès au sein du Edgar Winter Group.

Johnny Winter a appris la musique très jeune. Il a commencé à l'âge de cinq ans à jouer de la clarinette. A l'age de 10 ans, il s'accompagne de l'Ukulele et reprend, avec son frère Edgard des chansons des Everly Brothers. La guitare viendra plus tard.

Selon certains, c’est sa couleur de peau qui a mené Johnny Winter au blues. Albinos, le Texan dont les petits camarades moquaient la pâleur, aurait trouvé refuge dans la complainte du peuple noir.

A l'age de quinze ans sa vie bascule : «J'ai fait mon premier disque à l'âge de 15 ans, commencé à jouer dans des clubs à 15 ans. Commencé à boire et fumer à 15 ans. Relation sexuelle à 15 ans. Quinze ans a été une grosse année pour moi», s'est remémoré Winter en riant dans un documentaire à paraitre cette année et intitulé Johnny Winter: Down & Dirty. La bande annonce circule depuis quelques temps sur le net.

Cette année là il enregistre son premier disque, un 45 tours, « School Day Blues » avec son frère Edgar après avoir monté un groupe appelé « The Jammers »

Dix ans plus tard c'est la rencontre avec Mike Bloomfield (un grand guitariste de l'époque) qui sera le déclencheur de sa carrière. Ce dernier l’invite sur la scène du Fillmore East où il doit jouer avec son compère de «Super Session», le pianiste Al Kooper. Il interprète le «It’s my own fault» de BB King. C'est à l'écoute de cette interprétation que les agents de la Columbia présents sur les lieux, le font « signer ».

Le guitariste sort trois albums en deux ans : «Johnny Winter», «Second Winter», «Johnny Winter And»)

Carrière qui s'arrête net quand, en 1970 il interrompt une tournée pour partir en cure de désintoxication.

Quand on écoute ses albums, ce qui ressort d'abord c'est son style musical. Son jeu de guitare conjugue une finesse blues, une précision technique remarquable à une énergie renversante. En témoignent ses reprises de Highway 61 Revisited de Bob Dylan, le Jumpin Jack Flash des Rolling Stones ou Johnny B. Goode de Chuck Berry dont il a dit qu'elle était peut être le morceau de rock'n'roll ultime (Guitar World 2010). Morceaux qu'il continuait à jouer sur scène. Son jeu rapide et complexe a laissé plus d'un apprenti musicien pantois et les doigts bien abîmés. Au delà de la technique, c'est son sens de la transmission de l'émotion musicale que privilégiait Johnny Winter. Il a su fusionner l'âme du blues et la rage du rock'n'roll . « I love blues. I don’t mind a little rock and roll, too, as long as it’s blues-based rock and roll ». 'Guitar World 2010) C'est comme çà qu'il a su partager son goût pour le blues à un moment où le public s'en détournait.

Dans l'interview à la revue Guitar World citée plus haut, il dit, d'ailleurs : «Pour moi, le blues contient plus d'émotions que tout autre musique»

Son état d'esprit est important aussi. Quand Chess records disparaît, il produit Muddy Waters pour le Hard Again , 1978 - I'm Ready , 1979 - Muddy « Mississippi » Waters - Live , 1981 - King Bee ) Pour lui c'était rendre à son maître ce qu'il avait appris de lui. D'ailleurs cette collaboration fut dans les deux sens car elle permit à Johnny Winter d'enregistrer également son album Nothin' But The Blues (1977) avec des membres du groupe de Muddy Waters.
label Blue Sky. Quatre albums seront édités : (1977 -

Dans sa discographie acoustique il assume l'héritage des grands fondateurs du blues que sont Robert Johnson ou Son House. Électricité ou pas c'est l'intensité que met Johnny Winter dans sa musique qui la rend addictive.

Johnny Winter aura joué pleinement le rôle que l'on demande à un artiste tout au long de sa vie. Rappeler en permanence l'importance et l'influence des maître fondateurs du blues, se l'approprier pour créer son propre style, et surtout la transmettre à ses auditeurs. Il aura transmit et enrichi le savoir commun. En gardant toujours à l'esprit que dans le blues émotion et sincérité priment.

Un nouvel album, intitulé Step Back, doit sortir début septembre 2014. Il y croise son jeu de guitare avec quelques grands musiciens comme Eric Clapton, Brian Setzer, Joe Perry, Billy Gibbons, Ben Harper ou encore Joe Bonamassa. Je l'attends avec impatience.

Tous ses enregistrements lui permettent de continuer à vivre à chaque écoute. « I’ve led a very interesting life! » « J'ai mené une vie très intéressante » C'était la conclusion d'une interview. Je rajouterai bien remplie aussi. Qu'il repose en paix.

Une source importante pour comprendre johnny Winter. Son interview au magasine Guitar World en 2010 : http://www.guitarworld.com/johnny-winter-still-alive-well?page=0,0


Évidemment, on ne peut pas se passer de vidéo histoire d'écouter et de voir Johnny Winter encore une fois.

Jumping Jack Flas (1974)


Missipi Blues (1979)


Et pour finir, un concert complet: Live At Hondarribia 2011


Tracks:
1.Instrumental Jam
2.Instrumental Jam With Johnny Winter
3.Hideaway
4.Sugar Coated Love
5.She Likes To Boogie Real Low
6.Good Morning Little Schoolgirl
7.Got My Mojo Working
8.Johnny B. Goode
9.Black Jack
10.Tore Down
11.Lone Wolf
12.Don't Take Advantage of Me
13.Boney Moroney
14.It's All Over Now
15.Dust My Broom

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