Paul Personne sera en concert au Dôme de Marseille le 12 novembre, dans le cadre de la tournée Autour de la Guitare. Rencontre.
Vous avez une étiquette de « bluesman » qui vous colle à la peau depuis plusieurs années. Vous êtes d’accord avec ce titre ?
"C'est une étiquette qui est arrivée dès les premiers albums que j'ai faits sous le nom de Paul Personne. C'est vrai qu'ils étaient empreints d'une forte influence Chicago blues, ce genre de chose. En même temps vers le milieu des années 80, j'ai senti que cette étiquette prenait le pas sur ce que j'avais envie de dire et de représenter pour les gens. Quand j'entendais dans le public dire "Vas-y Paul joue-nous un blues !", je me disais : « merde ils se sont peut être plantés de concert », il y a peut être un truc qui ne va pas. Au fil des albums et des interviews, le problème s'est résolu.
Aujourd’hui, on sait que je fais une musique bluesy, que le blues a eu une forte influence dans ma vie, mais que j'exprime avant tout ce que j'ai envie, de la façon dont j'ai envie de l'exprimer et pas forcément à travers cet idiome particulier. Maintenant ça ne me dérange plus qu'on me traite de bluesman. Je pense juste : « venez m'écouter ou écoutez mes disques et vous verrez que ce n'est pas que du blues ». Je fais de la musique bluesy oui, mais ce n'est pas que ça. Par moment il y a des ballades acoustiques, de la country, parfois c'est du rock'n'roll. J'ai subi des influences diverses, notamment quand j'étais ado dans les années 60, et c'est chouette, ça m'a permis d'avoir une sorte de bagage musical éclectique et pas unique. J'improvise dans mes chansons aussi bien en live qu'en studio.»
Lorsqu’on écoute vos chansons, on a une sensation de brut, d’une absence d’arrangements électroniques. Comment enregistrez-vous votre musique ?
"Ca fait des années que j'enregistre de la même manière. Ca a été ma technique depuis que je suis gosse, parce que ça se passait comme ça à l'époque. On mettait tout le monde au milieu d'un studio, on posait des micros et on essayait d'isoler certaines choses. Et on faisait « 3, 4 » et puis on enregistrait. J'ai aimé cette technique, je sais qu'à partir des années 80 on a commencé à vouloir séparer vachement les choses pour avoir un son de plus en plus clean, et ça n'a jamais été ce que je recherchais. Même sur les premiers albums sous le nom de Paul Personne c'était du live en studio avec des tas de choses qui repassaient dans mon micro, et c'est ce qui donnait le son de ces albums. J'ai toujours continué d'enregistrer comme ça, en essayant d'avoir ce contact humain et le regard avec les musiciens pour qu'on puisse jouer avec cette interaction.
Je ne pourrais pas enregistrer un truc, en enregistrant d'abord la batterie etc, sans jamais voir les mecs. J'ai besoin d'une relation humaine avec les gens. Et surtout parce que souvent j'improvise dans mes chansons aussi bien en studio qu'en live. Il y a des choses inattendues qui se passent quand on enregistre un album et ça, il faut être ensembles pour pouvoir le créer. Des choses qu'un musicien va trouver d'un seul coup auxquelles on ne s'attendait pas, et c'est ça qui donne ces instants magiques. Même parfois des erreurs, de l'inattendu quoi ! C'est pour ça que j'enregistre toujours de cette manière, sans renfort d'arrangements dithyrambiques.
Je suis plutôt dans une musique intimiste, même s'il y a des tas de guitares qui pleurent et d'autres choses comme ça. J'aime les choses assez naturelles."
Vous pourriez nous parler de la genèse de votre album Puzzle 14 ?
"Je revenais de tournée et ça s'était bien passé avec les mecs du groupe A l'ouest. On avait une bonne complicité. Alors avant de les laisser rentrer chez-eux je leur ai dit : " Attendez les mecs j'ai quelques idées et j'aimerais bien qu'on essaie des choses". On s'est mis dans un studio et on a essayé des trucs. J'ai enregistré beaucoup de titres en quelques jours et ça a été le départ de ce nouvel album.
Un disque c'est toujours quelque chose de particulier, on a envie de raconter des sensations, des choses qu'on vit dans la vie et qu'on a envie de transmettre. Je ne sais qu'en dire de plus, hormis qu’il faut écouter les chansons pour le ressentir."
Pourriez-vous nous parler de la tournée Autour de la Guitare ?
"C'est une super idée de Jean Félix Lalanne qu'il pratique depuis les années 2004. Dans ces eaux là. Il m'avait invité il y a à peu près 4 ans pour deux soirs à l'Olympia à participer à cette aventure. J'avais passé un super moment, il est vraiment bien, c'est un bon chef d'orchestre. J'étais resté sur ces deux soirs chouettes et l'hiver dernier, il m'a appelé pour me proposer cette nouvelle aventure en me disant qu'il y aurait plein d'artistes internationaux et une tournée. J'ai un peu du mal à me projeter longtemps à l'avance, je vis beaucoup dans le présent mais disons que dès qu'il m'a annoncé la liste prestigieuse des invités, c'était un peu difficile de refuser. Je sentais que c'était vraiment sympa de sa part de m'appeler pour participer à ce projet. Au final c'est un spectacle qui dure environ 3 heures avec un entracte et où il y a des gags, et un paquet de musiciens.
On ne joue pas tous ensemble en même temps mais l'idée intéressante c’est qu'il se développe une interaction entre les gens. Que les musiciens viennent jouer sur le morceau de quelqu'un d'autre par exemple. Il y a des styles très différents entre de la guitare électrique qui peut être bluesy, qui peut être manouche, métal, ou encore rock. Il y a des musiciens divers avec des univers différents mais qui parviennent à se rassembler sur cette scène pour un projet commun avec de l'amitié et de l'humilité. C'est pas une compétition de virtuose."
C’est une bande de copains qui rendent hommage à la guitare ?
« Oui c’est ça. Ca se passe toujours très bien, c’est simple et c'est vraiment une chouette aventure. »
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