Ils ont baptisé leur quatrième disque Epitaph. Tiens, Moriarty et ses 20 ans de carrière signerait-il son éloge funèbre? Pas sûr qu’au vu de son succès le groupe s’enterre de sitôt. Moriarty donc. Un nom emprunté au méchant de Sherlock Holmes pour un groupe inclassable aux origines franco-américaines (avec le Suisse Stephan Zimmerli à la contrebasse) et qui assied, album après album, sa réputation de combo libre à la créativité illimitée.
Le caser dans la catégorie folk, blues ou country serait d’ailleurs parfaitement réducteur, tant les six musiciens se plaisent à explorer les sonorités. Ici, pas de meneur de jeu. L’esprit Moriarty résulte d’un vrai travail d’équipe, de la fusion de six énergies. Depuis ses débuts en 1995, le groupe se revendique «petite démocratie sans leader», comme le décrit volontiers sa chanteuse, Rosemary Standley.
Un baiser sur la pochette
Né sur les bords de la Seine, Moriarty a connu les répétitions dans une cave de 10 mètres carrés, les premières démos autoproduites, les pochettes de disque fabriquées manuellement, embrassées par les lèvres rouges de la chanteuse en guise de touche finale.
Dix ans plus tard et après un léger tournus parmi les musiciens, la notoriété du groupe prend l’ascenseur. Sous le label Naïve, il sort enfin son premier «vrai» album, Gee Whiz But This Is a Lonesome Town. Succès immédiat avec «Jimmy», douce ballade habillée d’harmonica, de guitares acoustiques et de caisse claire tendrement frottée par des balais. Rosemary, dont la signature vocale jouxte celle de Billie Holiday, parfait l’identité singulière du groupe. Sur scène, la folie et la complicité ajoutent encore une dimension attachante, et les collaborations artistiques ponctuelles – B.O. de films, duos avec Emily Loizeau ou Mama Rosin – affinent l’esprit de la troupe.
Après The Missing Room en 2011, le groupe entreprend de «fouiller les fragments inachevés nés de tournées sans fin et de projets parallèles». Enregistrements improvisés dans les coulisses de salles de concerts, adaptation musicale du roman des années 30 Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov… Les treize morceaux de Epitaph cultivent les envies d’explorations. Aux couleurs dominantes folk-blues-jazz-country s’ajoutent des rythmes caribéens ou des accents rock. La guimbarde s’amuse avec la guitare Gibbson, le mélodica habille la batterie, et le kazoo zigzague autour de la contrebasse.
Côté paroles – et toujours en anglais –, une thématique domine: la mort et tout ce qui plane autour d’elle. «Souvent, nous nous moquons de notre propre propension incontrôlable à écrire des chansons funèbres. A transformer la musique en Totentanz, en danse des morts tragicomique.» Epitaph aurait donc plutôt tendance à réveiller les esprits. Moriarty cultive tranquillement son amour du contre-courant et s’est remis à l’auto-production pour garder les mains libres, histoire de préserver son âme.
Moriarty, «Epitaph», L’Autre Distribution/Disques Office.
En concert le 18 juillet, Les Georges, Fribourg; le 19 décembre, Octogone, Pully.
Qui êtes-vous ?
mardi 12 mai 2015
Inscription à :
Publier les commentaires
(
Atom
)
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire