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lundi 2 mars 2015
Les idées au beau fixe de Lavilliers: Acoustique, émotion vive pour best of arrangé (RFI)
Presque dans la foulée de son magistral Baron Samedi, album original sorti il y a tout juste un an, Bernard Lavilliers s'offre une régénération acoustique. Quatorze chansons issues de son répertoire, dont des duos étincelants avec Catherine Ringer et Oxmo Puccino, qui montrent que le Stéphanois n'a pas fini d'affiner son art.
Là où d'autres artistes de sa longévité et de son statut continuent d'enregistrer par habitude ou par seul souci de visibilité, Bernard Lavilliers demeure farouchement exigeant, traitant la texture musicale avec méticulosité et l'approche textuelle avec profondeur.
Si Acoustique ressemble à une sorte de best of version dépouillée, il ne doit en aucun cas s'apparenter à un constat de faillite d'inspiration. D'autant qu'au cours de cette dernière décennie, le chanteur au pantalon de cuir et à la boucle d'oreille rutilante n'a jamais cessé de combler nos espérances. Quatre disques pour presque autant de sommets, ce n'est pas une logique d'association si fréquente.
En convoquant ici quatorze de ses titres majeurs, Bernard Lavilliers offre une plongée intime dans les turbulences de son esprit baroudeur et militant. Aux manettes, Romain Humeau - chanteur du groupe Eiffel et réalisateur déjà de son précédent opus Baron Samedi – agit en bâtisseur de passerelles. Des plaisirs distillés qui jouent agréablement avec le contraste des émotions.
Grand frisson
Malgré le refus de brancher l'électricité, un foisonnement d'arrangements surgit notamment de guitares acoustiques, de percussions, d'un piano, d'une contrebasse et d'une batterie moelleuse.
Le Stéphanois chante mieux que jamais, d'une voix ferme, chaude et animale. C'est quasiment un sans faute d'un bout à l'autre.
L'album débute par un Saint-Étienne à la sobriété somptueuse, emmène Petit vers les rives d'un flamenco agile, laisse poindre des rythmes tribaux pour renforcer l'urgence des Mains d'or. Lavilliers boxe les mots, joue des tripes et du feeling. Les motifs répétitifs de Traffic nous portent du côté de l'ivresse des cimes, Betty s'appuie sur une relecture plus radicale et Noir et blanc épouse de délicats ornements de cordes.
Sauf un On the road again où la complémentarité avec Jean-Louis Aubert n'est pas criante, les duos ne sont pas vains. Oxmo Puccino fait des étincelles avec son flow si singulier (Les Barbares) tandis que le slameur Faada Freddy convainc sans forcer (Melody tempo harmony). Mais celle qui nous laisse pantelant de bonheur, c'est Catherine Ringer dont le chant canaille et explosif se substitue à la voix blues de Nicoletta. Elle magnifie Idées noires avec une inusable énergie décomplexée. L'entendre ordonner "Où es-tu, quand tu es dans mes bras ?" est tout simplement synonyme de grand frisson.
Patrice Demailly (RFI)
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