mercredi 18 mars 2015

La rétrospective Björk au MoMA, un univers d’images et de sons (Le Monde)

L'exposition Björk retrace vingt ans de carrière solo de la chanteuse islandaise.


« Accrocher des chansons aux murs » : telle est l’ambition du Museum of Modern Art (MoMA) de New York, qui consacre une rétrospective à la chanteuse islandaise Björk. Le but est de donner une dimension visuelle à l’une des artistes les plus complètes de sa génération, sans que la musique soit un prétexte. « La seule règle à respecter était de casser les règles », souligne Glenn Lowry, le directeur du MoMA.


C’est Klaus Biesenbach, le directeur du PS1, l’antenne délocalisée du MoMA dans le Queens et conservateur au MoMA, qui a pris l’initiative de ce projet. Björk l’a accepté après des années d’hésitation. « Elle est à un moment de sa carrière où beaucoup d’artistes réalisent qu’ils ont atteint un certain degré de maturité et qu’il est peut-être temps pour eux de se retourner et de réfléchir », dit-il.

Une fillette née dans les sables noirs

La rétrospective se déroule en plusieurs temps, dans des espaces différents. D’abord, doté d’un casque audio, le visiteur est plongé dans un dédale obscur, guidé par les voix d’Antony Hegarty, le chanteur du groupe new-yorkais Antony and the Johnsons, et de l’actrice islandaise Margret Vilhjalmsdottir, qui disent un conte que Björk a commandé à son ami, le poète islandais Sjon. L’histoire d’une fillette née dans les sables noirs et qui s’est mis en tête de défendre les plus faibles. « Le récit a été conçu comme un rêve imaginaire que je fais, sorte de fil rouge entre mes sept albums jusqu’à mon dernier, Vulnicura », explique Björk.

Carnets personnels et photos d’enfance jalonnent la déambulation, qui retrace chronologiquement vingt ans de carrière solo. Alors que les chansons s’enchaînent entre deux récits, le visiteur se retrouve embarqué dans un étrange musée Grévin, parsemé de statues de cire à l’image de la chanteuse, vêtues de ses costumes les plus célèbres.

Dans un autre espace, l’exposition propose une expérience acoustique. Dans une pièce à caissons entièrement close, deux écrans géants projettent la vidéo de Black Lake, de son dernier album. Le clip, tourné pour l’exposition, met en scène Björk à genoux dans une grotte, qui chante la douleur de sa rupture avec l’artiste Matthew Barney.

Dans un dernier espace tournent en boucle une trentaine des vidéos que Björk a tournées tout au long de sa carrière. Allongé sur d’immenses poufs rouges, on peut les visionner à satiété.

Stéphane Lauer, Le Monde du 16 mars 2015

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