photo Mehdy Mariouch |
Écouter la messianique punk Patti Smith parler, c’est un peu comme méditer les yeux grand ouverts. Du haut de ses 67 ans, le porte-voix de la scène culturelle underground des années 70 tient une pêche d'enfer et une foi inébranlable en la vie. Lors d'une rencontre avec la presse organisée hier, Patti Smith nous a donné une leçon de vie.
Smith'n'roll, une grande histoire
D'abord elle met les choses au clair quand une journaliste lui demande ce que ça lui fait d'être une légende vivante. "Je suis fière que les gens apprécient ce que je fais, mais je ne me considère pas comme une légende, aux yeux de mes enfants je suis «maman». Je suis simplement un être humain qui travaille", explique-t-elle. Puis elle enchaîne sur le rock'n'roll, la musique qui a fait basculer sa vie. Née dans une petite ferme dans le sud du New Jersey, Patti Smith a baigné dans le rock depuis sa tendre enfance. "Quand j'écoutais du rock'n'roll, son énergie était telle que je me suis dit «ça, c'est ma musique.» En grandissant j'ai évolué et j'ai commencé à comprendre ce qui se passe dans nos sociétés: le racisme, la destruction de l'environnement, les guerres, etc., et justement le rock'n'roll traitait de ces sujets dans les années 60" raconte-t-elle.Mapplethorpe, son amour
À 20 ans à peine, elle prend le large. Direction New York, où elle rencontre l'amour de sa vie, le photographe Robert Mapplethorpe. À ce moment-là, elle ne rêvait que d'une chose: "je n'ai jamais voulu chanter ou monter sur scène, je voulais simplement écrire des poèmes". Encouragée par Robert Mapelthorpe, elle monte sur scène, mais uniquement pour déclamer ses poèmes. Le virus de la musique ne l'atteindra que plus tard. Elle sort son premier album (le meilleur !) Horses en 1975, Radio Ethiopia suit en 1976. Deux ans plus tard viennent Easter et Wave. "Au début je faisais tache. Le fait que je sois une jeune femme, sûre de moi, un peu arrogante et engagée gênait certaines personnes. Des gens me faisaient barrage, mais ce qui m'importait c'était de faire ce que j'avais envie de faire."Patti Smith a d'ailleurs profité de cette rencontre avec la presse pour adresserr un message à toutes les femmes présentes dans la salle: "si vous êtes bonnes dans ce que vous faites, foncez! Ne vous soumettez pas à ce que les gens vous imposent!"
Elle quitte la musique pour devenir femme au foyer
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Just kids, "parce que Robert me l'a demandé"
Depuis le temps, Patti a roulé sa bosse et sorti 10 albums, dont Peace and Noise (1997) et Banga (2012). Elle a aussi écrit un livre, Just Kids qui retrace sa relation avec Robert Mapplethorpe décédé en 1989 du SIDA. "Quand Robert était mourant, je lui ai demandé ce qui pourrait lui faire plaisir. Il m'a demandé d'écrire notre histoire. J'avais peur, car je n'avais jamais écrit de bouquin! Les années qui ont suivi son décès étaient très dures pour moi. Mon pianiste est mort, mon mari aussi et puis mon frère. Du coup, je n'ai pas pu l'écrire. Puis, la petite voix de Robert est revenue. Il me disait "pourquoi ça prend aussi longtemps que ça Patti? Où est le bouquin ? Puis j'ai commencé", raconte-t-elle.Et de poursuivre: "j'avais deux raisons pour écrire ce livre. La première, c'est parce Robert me l'a demandé. La deuxième c'est que j'avais envie de faire découvrir au public une autre facette de Robert, celle de sa jeunesse, et indirectement partager le combat des jeunes artistes, car c'est toujours difficile de devenir artiste."
Son concert à Jazzablanca
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Accompagnée d'un pianiste et du guitariste Lenny Kaye, ami de longue date, elle a livré une performance acoustique prophétique durant laquelle elle a interprété ses plus grands succès (Gloria, Horses…), déclamé un poème et envoyé une bonne vague d'ondes positives au public. Même la nature a répondu à son appel: la pluie s'est invitée à l'hippodrome de Casa Anfa. Patti Smith est néanmoins revenue (le public a insisté) pour rappeler encore une fois que " People Have The Power",en plein orage. Impressionnant!
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