Bernard Lavilliers sera au Zénith de Toulouse samedi. Un concert qui fera le bonheur des vieux fans mais pas seulement. Le millésime 2014 de l'artiste est en effet excellent et à même de séduire un large public.
Vous aimez les voix profondes, les beaux voyages, ceux qui nous racontent l'envers du décor, les souffrances mais aussi les joies simples ? Alors vous adorerez le Lavilliers nouveau, avec «Baron samedi», un superbe album faisant suite à un long séjour en Haïti, après le tremblement de terre. Ceux qui en ont déjà vu la version concert ont été épatés par le bonhomme, en pleine forme, et ses musiciens, comme d'habitude de haut vol.
Dans votre nouveau disque, on retrouve l'ampleur de votre voix, claire et profonde. Comment atteint-on un tel résultat ?
En dehors de tout travail technique, on sait si quelqu'un va bien ou pas en l'écoutant. C'est une question de respiration, de disponibilité. A Toulouse, avec Georges Baux (du studio Deltour, NDLR), on se met dans la capsule du texte et on lui donne une première impulsion, ce qui est beaucoup plus difficile que de chanter devant des milliers de personnes. J'aime faire ce travail initial avec Georges. Son oreille est éduquée sur ma voix, sur ce que je dis derrière les mots. J'ai besoin d'avoir un tel interlocuteur, honnête et bienveillant ; de chercher avec lui la justesse, la bonne articulation, le groove, l'humour aussi… sans pour autant faire des dizaines de prises.
Qu'est-ce qui fait votre attachement pour Toulouse ?
D'abord le fait de retrouver Georges, son goût, son enthousiasme qu'il manifeste depuis 17 ans que nous collaborons. Notre manière de travailler avec acharnement dans une ambiance jamais désagréable. Je lui envoie parfois des gens qui ont besoin de faire des maquettes de disques.
Comment définiriez-vous l'ambiance générale du disque ?
Avant d'écrire les textes, j'écoute ce que la mélodie me raconte. L'album est assez proche de la musique de films. Se succèdent comme des courts-métrages… jusqu'à cette «Prose du Transsibérien…» de 27 minutes que je voulais adapter depuis longtemps de Blaise Cendrars et qui est un grand film à elle toute seule.
Pourquoi avez-vous sollicité Romain Humeau, du groupe Eiffel, connu pour son rock contestataire, pour assurer la réalisation artistique de «Baron samedi» ?
Pas du tout pour le «rock contestataire» ! J'aime bien les harmonies bizarres, les trucs dissonants. Et Romain Humeau a une culture classique et baroque très importante, acquise d'ailleurs au Conservatoire de Toulouse, où il a obtenu un premier prix. Sur le disque, il a écrit les arrangements de cordes et une rythmique très serrée. Je connais Romain depuis des années et je partage avec lui d'autres choses que la musique. On a par exemple en commun une passion pour Boris Vian. Je lui ai montré des vieux bouquins. On aime les mêmes livres, les mêmes films.
Quels sont vos autres écrivains de prédilection ?
Il y en a beaucoup. Je citerais Henry Miller, dont j'ai lu tous les livres et dont j'aime beaucoup l'écriture. Je savais qu'il aimait «Pigalle la blanche», qui lui rappelait le quartier où il avait vécu. Je l'ai rencontré en 1981 avant qu'il ne meure, grâce à une amie commune. C'était dans sa maison de Big Sur, en Californie, autour d'une table de ping-pong. Il m'a raconté comment il était tombé amoureux d'une pianiste japonaise. Et à quel point elle l'obsédait : il ne dormait pas de la nuit car il l'imaginait s'envoyer en l'air avec des types plus jeunes que lui !
Propos recueillis par Jean-Marc Le Scouarnec La Dépèche du 24 avril 2013
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samedi 26 avril 2014
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