Marseille : le Babel Med voit large pour sa 12e édition (La Provence)

Elida Almeida, la perle cap-verdienne. Ph. Tiago Sousa Dias-Lusafrica

"Si vous avez des inquiétudes pour le Dock des Suds, rassurez- vous, nous savons nager". C'est sur cette allusion sur l'avenir du site emblématique des musiques du monde (et plus) à Marseille, qu'a débuté, hier, la conférence de presse du Babel Med Music. Le Dock, qui pourrait être remplacé par une piscine dans le cadre des aménagements d'Euroméditerranée, est au coeur des débats depuis plusieurs semaines. A l'aube d'une rencontre importante entre les différentes institutions (Euroméditerranée, Région, Département, Ville), il était bon pour le directeur du lieu et président de l'association Latinissimo, Jean Hubert, de profiter de la lumière du Babel, pour rappeler la puissance culturelle et fédératrice de ce "vaisseau". "Il est solide. Une ville comme Marseille ne peut pas se passer d'un Dock des Suds dont la fréquentation dépasse largement les 100 000 personnes par an", assène-t-il.

A ses côtés, Bernard Aubert, le directeur artistique du Babel et de la Fiesta, s'empresse d'enfiler un masque de plongée. Au cas où... Bien que, pour lui, la "transformation" ou l'immersion, s'il y a, ne se fera pas tout de suite, "dans 4-5 ans". Et si le Dock devait se délocaliser, malgré tout, le programmateur farceur a déjà des idées : la Villa Méditerranée, prouesse architecturale appartenant à la Région et posée sur l'eau à côté du Mucem, ou encore le J1, ce hangar du Port autonome niché à la Joliette qui a servi pendant l'année Capitale en 2013.

L'événement attire entre 10 à 15 000 personnes sur trois soirs

Après cette introduction nécessaire, Bernard Aubert et Sami Sadak, directeurs artistiques, Florence Chastanier, déléguée générale, sont entrés dans le vif du sujet. Le Babel, marché des musiques du monde réservé aux professionnels en journée (plus de 2000 pros venus du monde entier), a la particularité de se muer en festival en soirée. Programmant des groupes peu connus du grand public, l'événement attire entre 10 à 15 000 personnes sur trois soirs. "C'est une des grandes réussites du Babel", précise Florence Chastanier. En faisant jouer les artistes devant un "vrai" public (et non pas exclusivement de professionnels) de plus en plus nombreux, le Babel se distingue des autres marchés de ce type. "Quasi-unique", voire "unique", le Babel participe selon les organisateurs, à un rayonnement de la ville et sa région à l'étranger (170 journalistes internationaux sont présents), en plus de constituer une manne économique en terme de nuits d'hôtels, de restauration... et d'emplois. Musicalement, le Babel fait de la place aux artistes locaux. Six groupes sont programmés et témoignent de l'éclectisme de la région : La Nuit d'Antigone (qui brosse le portrait de la femme actuelle en Méditerranée), Temenik Electric (arabian rock), Imhotep (l'architecte sonore de IAM aux mixtures voyageuses), Lyakam (Inde du Sud), Maria Simoglou Ensemble (Grèce) et Sirventès (occitan).

Enfin, pour sa 12e édition, le Babel (qui bénéficie toujours du soutien de la Région en dépit du changement de majorité, par la voix de Sophie Joissains, déléguée à la culture) continue de voir large en misant sur "la musique du monde actuelle", sans doute "la plus innovante" de ces dernières années, selon Bernard Aubert. Sur 1100 candidatures, seulement 31 groupes se produiront sur 3 soirs, avec ce souci de brasser toutes les vibrations du monde. On y verra Elida Almeida, la nouvelle perle du Cap-Vert, Ricardo Ribeiro, l'étoile du fado lisboète, Alif Naaba, "folker" aux pieds nus du Burkina-Faso, La Pegatina, ambassadeur des nuits chaudes barcelonaises... Les départements d'outre-mer sont aussi bien représentés avec Labelle et Saodaj' de La Réunion, Paille de Martinique, 7 Son @ To de Guadeloupe. Sans oublier Korea Percussion Duo Bud pour la Corée du Sud ou Vardan Hovanissian & Emre Gültekin, pour un dialogue turco-arménien provenant de Belgique. De quoi confirmer que le monde se croise au Babel.

Du 17 au 19 mars, Dock des Suds, Marseille. www.dock-des-suds.org

Annabelle Kempff, La Provence du 4 mars 2016

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