jeudi 29 mars 2018

Ayo, belle nomade à l’âme reggae-folk-soul (L'Humanité)

Ayo
Ayo



De passage à Paris, la chanteuse nous parle de son nouvel album. Un disque porté par les titres Paname et I’m a Fool qu’elle s’apprête à dévoiler au Théâtre des Bouffes du Nord.




Née à Cologne en 1980 d’un père nigérian et d’une mère d’origine tzigane roumaine, Ayo a l’âme nomade. « Je suis une vraie gitane », chante-t-elle dans son dernier clip, Paname, où elle danse sur les toits de Paris sur fond de Sacré-Cœur. Elle a vécu à Hambourg, où elle a écrit ses premières mélodies, à Londres et à Paris, en 2000, où sa carrière s’est envolée : « Mes chansons ont appris à marcher à Paris », confie la chanteuse, qui a longtemps habité dans le quartier des Halles, se produisant dans de petites salles à ses débuts. Elle a connu le succès avec son premier album, Joyful (double disque de platine) et le tube Down on my Knees. Il y eut aussi Gravity at Last, et son single Slow Slow (Run Run), où elle parlait d’amour, mais aussi de politique et de corruption, puis Billie-Eve. Et aussi Ticket to the World, quatrième album, où soufflait un vent de liberté à travers la musique, qu’elle a toujours considérée comme un passeport pour le monde.

« J’avais envie de faire de manière instinctive ce que je ressentais »

Ayo revient aujourd’hui avec un disque éponyme, porté par le titre I’m a Fool, aux chaudes et douces ambiances reggae-folk-soul, et majoritairement chanté en anglais : « Il y a toutes les émotions, des chansons joyeuses et d’autres plus mélancoliques, dit-elle. Je parle de tout ce qui me touche. J’avais juste envie de faire de manière instinctive ce que je ressentais. » Un album qu’elle a composé chez elle, à Brooklyn, New York, où elle s’est installée : « Je préfère vivre là qu’à Manhattan, où tout va trop vite. C’est aéré, familial. Il y a une culture du street art et beaucoup d’espaces verts. Il y a un esprit un peu hippie dans des styles très différents, hip-hop, rock, pop, que j’aime bien. Les gens sont très ouverts. » Lui arrive-t-il de regretter l’Europe et Paris, où tout a commencé pour elle ? « New York, ça ne représente pas l’Amérique, tellement le mode de vie y est européen. Mais c’est vrai que Paris me manque. C’est ma mémoire. Tout ce que j’ai vécu ici en tant qu’artiste est incroyable. »

Son nouvel opus est comme une renaissance

Onze ans après ses débuts et de nombreux concerts à travers le monde, Ayo a su garder sa simplicité grâce à un regard lucide sur la vie : « Je suis quelqu’un d’humble, avoue-elle. Quand on est trop sûr de soi, c’est là que tout risque de se finir. La seule chose dont je suis certaine, c’est l’amour que je porte à mes enfants. Je sais que ça durera toujours. Je ne peux pas dire ça pour le reste, même pour la musique. On ne sait jamais ce qui peut arriver. » Après dix ans sous contrat chez Universal Music, la chanteuse a quitté la major afin de s’accorder une pause et de prendre du recul par rapport à tout ce qu’elle avait vécu jusqu’ici. Une période d’espoir et de doute qu’elle évoque dans la chanson I Pray, écrite sur son piano : « Je n’avais plus de maison de disques et je ne savais pas ce qui allait se passer. Allais-je continuer à exister comme artiste ? Dans cette chanson, je parle de la peur que je ressens. » Paru sur le label indépendant Believe, son nouvel opus est comme une renaissance pour Ayo, qui s’apprête maintenant à partager ses chansons sur scène, « où s’exprime la vérité des sentiments ». Comme on le verra au Théâtre des Bouffes du Nord, où elle va se produire pour la première fois : « Un endroit magique. J’ai hâte d’y jouer et, en même temps, je me sens intimidée tellement cette salle est chargée d’histoire. Même vide, ce théâtre est rempli d’une âme incroyable. »


VICTOR HACHE, L'Humanité le 13.10.2017

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