Ayo |
De passage à Paris, la chanteuse nous parle de son nouvel album. Un disque porté par les titres Paname et I’m a Fool qu’elle s’apprête à dévoiler au Théâtre des Bouffes du Nord.
Née à Cologne en 1980 d’un père nigérian et d’une mère d’origine tzigane roumaine, Ayo a l’âme nomade. « Je suis une vraie gitane », chante-t-elle dans son dernier clip, Paname, où elle danse sur les toits de Paris sur fond de Sacré-Cœur. Elle a vécu à Hambourg, où elle a écrit ses premières mélodies, à Londres et à Paris, en 2000, où sa carrière s’est envolée : « Mes chansons ont appris à marcher à Paris », confie la chanteuse, qui a longtemps habité dans le quartier des Halles, se produisant dans de petites salles à ses débuts. Elle a connu le succès avec son premier album, Joyful (double disque de platine) et le tube Down on my Knees. Il y eut aussi Gravity at Last, et son single Slow Slow (Run Run), où elle parlait d’amour, mais aussi de politique et de corruption, puis Billie-Eve. Et aussi Ticket to the World, quatrième album, où soufflait un vent de liberté à travers la musique, qu’elle a toujours considérée comme un passeport pour le monde.
« J’avais envie de faire de manière instinctive ce que je ressentais »
Ayo revient aujourd’hui avec un disque éponyme, porté par le titre I’m a Fool, aux chaudes et douces ambiances reggae-folk-soul, et majoritairement chanté en anglais : « Il y a toutes les émotions, des chansons joyeuses et d’autres plus mélancoliques, dit-elle. Je parle de tout ce qui me touche. J’avais juste envie de faire de manière instinctive ce que je ressentais. » Un album qu’elle a composé chez elle, à Brooklyn, New York, où elle s’est installée : « Je préfère vivre là qu’à Manhattan, où tout va trop vite. C’est aéré, familial. Il y a une culture du street art et beaucoup d’espaces verts. Il y a un esprit un peu hippie dans des styles très différents, hip-hop, rock, pop, que j’aime bien. Les gens sont très ouverts. » Lui arrive-t-il de regretter l’Europe et Paris, où tout a commencé pour elle ? « New York, ça ne représente pas l’Amérique, tellement le mode de vie y est européen. Mais c’est vrai que Paris me manque. C’est ma mémoire. Tout ce que j’ai vécu ici en tant qu’artiste est incroyable. »Son nouvel opus est comme une renaissance
Onze ans après ses débuts et de nombreux concerts à travers le monde, Ayo a su garder sa simplicité grâce à un regard lucide sur la vie : « Je suis quelqu’un d’humble, avoue-elle. Quand on est trop sûr de soi, c’est là que tout risque de se finir. La seule chose dont je suis certaine, c’est l’amour que je porte à mes enfants. Je sais que ça durera toujours. Je ne peux pas dire ça pour le reste, même pour la musique. On ne sait jamais ce qui peut arriver. » Après dix ans sous contrat chez Universal Music, la chanteuse a quitté la major afin de s’accorder une pause et de prendre du recul par rapport à tout ce qu’elle avait vécu jusqu’ici. Une période d’espoir et de doute qu’elle évoque dans la chanson I Pray, écrite sur son piano : « Je n’avais plus de maison de disques et je ne savais pas ce qui allait se passer. Allais-je continuer à exister comme artiste ? Dans cette chanson, je parle de la peur que je ressens. » Paru sur le label indépendant Believe, son nouvel opus est comme une renaissance pour Ayo, qui s’apprête maintenant à partager ses chansons sur scène, « où s’exprime la vérité des sentiments ». Comme on le verra au Théâtre des Bouffes du Nord, où elle va se produire pour la première fois : « Un endroit magique. J’ai hâte d’y jouer et, en même temps, je me sens intimidée tellement cette salle est chargée d’histoire. Même vide, ce théâtre est rempli d’une âme incroyable. »VICTOR HACHE, L'Humanité le 13.10.2017
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