Bernard Lavilliers |
Après Mons, avant Liège, Lavilliers a donné à Charleroi un concert à son image : généreux, imprévisible, incomparable. Rencontre et compte-rendu en attendant son retour pour un festival et une date bruxelloise.
Jean-Luc Cambier, Moustique, le 21 janvier 2018
Deux grosses heures de concert, un light-show classieux, six musiciens, énervés et délicats selon l’occasion, toujours extraordinairement complices, des moment de grâce seul à la guitare acoustique, un répertoire inattaquable (Idées noires, Est-ce ainsi que les hommes vivent) mais parfois inattendu (Le Clan mongol, Scorpion), une générosité qui emporte tout et soulève les femmes prêtes à danser… Impossible de chicaner, même si, défaut de micro, de sonorisation ou de concentration, les mots du chanteur-raconteur ont trop souvent été incompréhensibles. Le bilan final est simple : Lavilliers est bien vivant, contrairement à la tendance (la vanne est de lui). Il reviendra même chez nous en live. Cet été, il sera en exclusivité dans un beau festival dont Moustique est le partenaire depuis sa première édition (annonce officielle dans quelques jours) et, en octobre, à Bruxelles. Il avait pris la résolution de terminer sa tournée le 15/9 à la fête de l’Huma. Le succès du disque et des concerts l’ont voulu autrement.
Vous voilà à 71 ans au milieu d’une tournée d’une petite… centaine de dates.
Bernard Lavilliers – L’été passé, j’avais fini d’écrire "5 minutes au paradis" et j’ai encore trouvé le moyen de faire une dizaine de concerts en duo, guitare-percussions, avec Dominique Mahut (complice habituel depuis 40 ans). Juste pour m’occuper. Quand je ne fais rien, ça ne va pas alors je ne m’arrête jamais. Pour passer le temps, il vaut mieux une tournée que de monter une boîte de nuit et se fâcher avec les voyous du coin.
Enchaîner les concerts, ça doit aussi épuiser. Certains soirs, le corps lui-même doit souffrir.
Oui ça arrive, mais je me méfie surtout de la voix. Le problème des concerts, c’est de bouger sans cesse et, malgré tout, de rester en forme. Tu arrives dans la salle à 18h pour la balance. Tu en sors à minuit. Tout est fermé et tu te retrouves à manger du saumon froid. Sorti de scène, une tournée, c’est pas du tout le fun. Alors, il faut faire ça comme si tu préparais un combat: être sain pour ne pas souffrir. Je suis un ancien boxeur. Tous les matins je saute encore à la corde. L’autre vrai problème, ce sont les acouphènes. Dans le métier, on est tous à moitié sourd. À cause des amplis de retour trop faibles, pour quand même s’entendre jouer, on poussait à fond. À l’époque, on ne mettait pas de bouchon et on jouait très fort. Mais 120 décibels, ça te tue. Dans ma tête, c’est jour et nuit en stéréo depuis 13 ans et mes acouphènes ont encore doublé il y a deux ans. Je connais des mecs qui en sont devenus fous.Comment choisissez-vous la bonne vingtaine de chansons qui vont représenter votre présent mais aussi résumer cinquante ans de carrière ?
Là, je vais jouer quasi tout le nouvel album (huit chansons sur les 11). Je sais aussi que j’ai une bonne quinzaine de tubes, Stand the ghetto, Noir et blanc, Traffic, La Salsa, On the road again, que je dois jouer… ou pas (il en rit, mais il les joue bel et bien). Pour le public des concerts, je sais qu’il y a aussi d’autres morceaux qui les touchent, Betty, Fortaleza… Ces derniers temps, j’ai accumulé des tournées en trio ou quartet qui m’ont permis de jouer des chansons rares ou inédites en live : La Grande Marée, L’amour et la mort, Les aventures extraordinaires d’un billet de banque, New York juillet. Au total, j’en ai une cinquantaine à l’ordre du jour.Nouvelle date : le 19 octobre à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.
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