En CD et à la Philharmonie de Paris, le trompettiste Ibrahim Maalouf célèbre le legs d’Oum Kalthoum, femme artiste moderne, inventive, engagée, libre. Il nous emporte dans la douceur extatique du tarab.
L’hommage à la légendaire chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, proposé par Ibrahim Maalouf dans son récent disque et lors du cycle « À Oum Kalthoum » à la Philharmonie de Paris, revêt un sens encore plus aigu, en cette année de tragédies répétées. Le trompettiste libanais rêvait, depuis l’âge de 17 ans, d’honorer celle qui, de par son engagement et sa générosité, était appelée « la cantatrice du peuple ». Mais il a attendu d’acquérir la maturité nécessaire pour aborder l’Everest de la musique arabe. Prévu pour les quarante ans de la disparition de la diva (le 3 février 1975, au Caire), l’album, Kalthoum, enregistré à New York avant les attentats à Paris, est sorti le 25 septembre sur le label d’Ibrahim Maalouf. Du chef-d’œuvre de 1969, Alf Leila Wa Leila (les Mille et Une Nuits), popularisé par celle qui a été également surnommée le Rossignol du delta, le natif de Beyrouth opère une lecture passionnante, avec la complicité fertile du pianiste et arrangeur franco-allemand Frank Woeste et de trois Américains, le saxophoniste Mark Turner, le contrebassiste Larry Grenadier, le batteur Clarence Penn.