Patti Smith à l'Olympia |
Pendant trois jours, Patti Smith revisite sur la mythique scène parisienne “Horses”, son album fondateur qui l'a révélée il y a 40 ans. Avec une intensité, une émotion et un engagement intacts.
Avant de quitter New York, Patti Smith a eu les honneurs d'un long portrait dans le magazine du New York Times, titré « La survivante ». Depuis le succès de son essai biographique Just Kids, pour lequel elle a reçu le National Book Award, elle est devenue la superstar bohème d'un pays qui l'ignorait superbement. On la reçoit partout. Elle s'en amuse et s'en régale. Plus la moindre pause. « J'ai de l'énergie à revendre et j'adore travailler, disait-elle à la journaliste qui lui a rendu viste dans sa maisonnette de Rockaway Beach. Je viens d'une famille ouvrière. J'ai commencer à trimer à 13 ans, dans les champs, dans une usine, dans une librairie... »
Quand elle arrive, à l'heure dite sur la scène de l'Olympia, elle se remet juste d'une tournée express des villes américaines où elle lisait, tous les soirs, des extraits de son nouveau livre M Train. Il ne lui faut pas longtemps pour régler l'horloge interne et changer de rôle. Elle tient à la main le vinyle de Horses et lit le texte qu'elle avait écrit, au dos de la pochette, pour se présenter au monde. Elle avait 29 ans, elle en a 68 aujourd'hui. La salle est bondée, le public tendu dans une attente électrique. Au moment de rejouer l'album des débuts, ses mots prennent une coloration particulière : « …Quant à moi, je suis vraiment, totalement, prête à y aller... Vous m'avez ôté la peur de mourir » Elle crache par terre. C'est parti.
Un public surexcité
La reprise speedée-slamée du Gloria de Van Morrison était une bonne manière d'attaquer une carrière, c'est aussi l'intro idéale pour chauffer l'Olympia. Sans chercher le K.O. ni le chaos pour autant. Lenny Kaye, crinière blanche assortie à celle de sa complice de toujours, est un peu seul à la guitare, doublé par le swing tout en rondeur de Jack Petruzzelli, un pianiste qui, à l'ordinaire, joue dans un tribute band des Beatles. Après le tour de chauffe reggae de Redondo Beach, le concert décolle vraiment avec une extraordinaire version de Birdland, morceau clé de Horses dans lequel Patti Smith scellait ses rêves de fusion entre poésie déclamée et rock désossé. Pendant un moment, elle dialogue seule avec la guitare un peu free de Lenny Kaye, comme elle le faisait à l'époque des soirées Rock'n'Rimbaud, et sa voix, qui a pris avec l'âge une force et une matière impressionnantes, se déploie dans les hauteurs de l'Olympia. Pic d'excitation et rampe de lancement idéale pour le frénétique Free Money, hymne à la joie punk des flambeurs, des escrocs, des voleurs et de tous ceux qui veulent se payer le sytème.Laurent Rigoulet, Télérama le 22/10/2015
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