dimanche 11 janvier 2015

Voyage de Richard Galliano vers la sobriété (Le Monde)









Le concerto « Contrastes », pour accordéon, violoncelle et orchestre, a été créé au Châtelet









Prodige de l'accordéon dans sa prime jeunesse, tromboniste arrangeur et accompagnateur de Claude Nougaro, jazzman émérite, Richard Galliano est tout sauf un puriste.

A l’image de l’Argentin Astor Piazzolla (1921-1992), qui l’a aidé à trouver sa voie, Richard Galliano adore voyager, et sa musique en témoigne.



Lundi 15 décembre, trois jours après son 64e anniversaire, le créateur est à l’affiche du Théâtre du Châtelet, à Paris, avec deux concertos, Opale et Contrastes, ce dernier donné en création mondiale. Le programme commence sous l’égide de Jean-Sébastien Bach (transcription d’une page concertante, BWV 1060).

A gauche, Richard Galliano en maître de cérémonie, écharpe rouge glissée sous les bretelles de l’accordéon. A droite, le violoncelliste Henri Demarquette en invité de marque, tête de pont de l’Orchestre royal de chambre de Wallonie dirigé avec bravoure par un Frank Braley aux allures de mousquetaire. Le violoncelliste occupe ensuite seul le devant de la scène avec Le Grand Tango, d’Astor Piazzolla, déployé avec élégance.

Richard Galliano revient pour interpréter – sans écharpe mais toujours debout, ce qui n’est pas rien avec un instrument de 11 kg – son Opale concerto. L’œuvre s’apparente à une carte des styles.

Influences exhibées D’ordinaire, les compositeurs tentent de masquer leurs influences.

Pas Galliano, qui les exhibe, dans un geste d’offrande semblable à sa façon de jouer, fléchi sur les genoux, l’accordéon tendu vers les cieux. De l’Europe de l’Est à l’Amérique latine, les images défilent sur grand écran – qualité qui n’a pas échappé aux producteurs de « P.J. », série policière diffusée par France 2 à partir de 1997, qui en ont tiré un générique à succès.

Après une symphonie de Boccherini servie avec brio par l’orchestre, place à la création du soir.

Cette fois, Richard Galliano est au bandonéon, du moins pour le premier mouvement, une séduisante milonga dans laquelle Henri Demarquette se fond avec art. L’accordéon réapparaît pour les besoinsd’une valsejazzy avant une Pavane qui rappelle les premières amours du musicien pour Ravel et d’autres pages (telle une Fugue/Tango) qui font de ces Contrastes une rhapsodie éclectique.

Rien à voir, toutefois, avec le patchwork d’Opale concerto. Sans renoncer à sa générosité première (quel virtuose !) Galliano a appris la sobriété.

Pierre Gervasoni Le Monde du 17 décembre 2014



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