Gauvain Sers |
Portrait. Après s’être révélé lors des premières parties des concerts de Renaud, le chanteur fait sensation dans tous les festivals d’été grâce à un univers tendre et engagé.
Il est arrivé un brin timide, guitare en bandoulière. C’était en octobre 2016, au Zénith de Paris. On découvrait alors ce jeune chanteur portant une casquette de velours à la gavroche, en première partie des concerts de Renaud. Depuis, les choses se sont accélérées pour Gauvain Sers qui, à 27 ans, connaît un vrai succès avec son premier album, Pourvu, paru début juin, numéro 1 des ventes dès sa sortie. Un parcours qui l’a mené jusqu’à la grande scène des Francofolies, où il vient de se produire pour la première fois, accompagné de son complice à la guitare Martial Bort. Une formule acoustique en duo qui séduit un large public, ému par la simplicité et la poésie de ses chansons : « C’est intimiste, épuré, c’est ce que j’aime, confie-t-il, des étoiles plein les yeux. On a des titres qui passent en radio et les salles sont remplies. Je mesure la chance que c’est, surtout dans le genre que je fais, qui n’est pas très à la mode. Je me sens un peu old school et moderne. C’est décalé. Du coup, ça rend le truc original alors que ça ne l’est finalement pas. C’est amusant. »
Présenté par Renaud comme « l’avenir de la chanson française »
Fils de prof de maths, frères ingénieurs, le chanteur originaire de la Creuse est né dans un milieu plutôt scientifique : « Je ne viens pas d’une famille de musiciens, par contre on a tous été fans de chansons françaises via mon père qui en écoutait tout le temps. » C’est lui qui lui a transmis l’amour des mots. Adolescent, il écrit ainsi ses premiers poèmes, qui deviendront plus tard des chansons, en parallèle de son apprentissage de la guitare à l’âge de 20 ans : « C’est à ce moment-là que je suis vraiment tombé en amour pour la composition, le côté artisanal de la chanson. » Une période où il découvre Jean Ferrat et Allain Leprest, qu’il écoute sur l’autoradio de la voiture familiale, dont il fera une chanson émouvante aux contours nostalgiques, Dans la bagnole de mon père : « J’adorais Ferrat. Leprest est arrivé plus tard. J’ai eu un coup de foudre pour son écriture, son humilité, sa façon tellement généreuse d’être sur scène, de jouer avec les mots et d’avoir des images fortes. » Mais son modèle absolu, c’est Renaud qui lors de sa tournée l’a présenté comme « l’avenir de la chanson française » : « C’est quelqu’un que j’admire énormément. Que ce soit lui qui m’ait choisi pour ses premières parties a été dingue. Il a parlé de mes chansons avec des mots tendres, ça m’a beaucoup touché. Quand je l’ai vu sur scène pour la première date à Paris, ça été une grande claque, un torrent d’émotions. »« Mon rêve serait de continuer d’aller au plus près des gens »
À l’origine d’un univers tendre et parfois engagé, Gauvain Sers aime les textes qui parlent du quotidien (le Ventre du bus 96), d’amour (Pourvu), les chansons sociales coup de gueule anti-FN (Hénin-Beaumont) ou sociétales (Mon fils est parti au djihad) : « C’est important de savoir prendre parti quand on est artiste », souligne-t-il. La politique ? « On en a toujours parlé à table avec mes frangins, mes parents, lors des débats de famille. C’est souvent sujet à disputes, d’ailleurs (rires) ! » Pour le moment, on le compare beaucoup à Renaud, mais Gauvain Sers compte bien sur ses propres chansons et sa longue tournée jusqu’au printemps 2018 pour se faire un nom. La promesse d’une belle carrière à venir : « Mon rêve serait de continuer d’aller au plus près des gens. Être sur scène et écrire des chansons, tant que ces deux côtés fonctionneront, je serai heureux. Je ne demande pas plus. »Victor Hache, L'Humanité, 28 Juillet, 2017
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