mardi 28 juillet 2015

Jean-Félix Lalanne rend la guitare humaine (Courrier Piccard)


Créateur du spectacle « Autour de la guitare », il sera au Zénith d’Amiens le 3 novembre en compagnie de prestigieux artistes. Entretien.

Les progrès de la technologie – cette fée vacharde qui, souvent, nous crée beaucoup de soucis – ont parfois du bon. Plutôt que de parler longuement de l’immense talent du guitariste Jean-Félix Lalanne, écoutons-le sur le site du Courrier picard. Il nous donne à entendre et à voir une version jazzy et sautillante de « Jeux interdits ». Tout est là : la précision de la main gauche, les doigts, jamais démonstratifs ni bêtement rapides pour rien, qui virevoltent, élégants, sur le manche de la guitare ; la main droite dont le pouce est équipé d’un médiator noir, qui pince, caresse, harmonise, main de harpiste, pour nous donner l’élixir émotionnel de ce morceau interprété par Narciso Yepes.



Passionné

Grand guitariste, Jean-Félix Lalanne ? C’est indéniable. Il est également passionné fou de cet instrument. Pour lui rendre hommage, il a créé le spectacle Autour de la guitare, qui réunit quelques-uns des meilleurs guitaristes du moment. On pourra les entendre sur la scène du Zénith d’Amiens le 3 novembre prochain. «  L’artiste principal, c’est la guitare  », annonce tout de go Jean-Félix Lalanne. L’idée de monter ce spectacle lui est venue en 1999. À la salle du Réservoir, à Paris, il invite des guitaristes de tout style – jazz, blues, rock, flamenco, etc. – à venir s’exprimer sur scène lors de bœufs mémorables. Succès immédiat.

Il a déjà un pied dans le monde de la chanson, ce qui lui permet d’inviter Goldman, Le Forestier, De Palmas, Zazie, etc. «  J’ai eu envie d’en faire un spectacle.  » Il appelle son ami Jean-Louis Boris. Le 28 novembre 2000 a lieu le premier Autour de la guitare, à l’Olympia. Bien vite, il se rend compte que ce sont les instrumentaux qui sont le plus applaudis. Après l’Olympia, la création est accueillie au Casino de Paris, au Palais des Sports et dans d’autres lieux ; elle y rencontre le même engouement. Chanteurs, guitaristes, humoristes se retrouvent sur les planches pour fêter la six cordes (ou la douze, ou la quatre car la basse n’est rien d’autre qu’une guitare à grosse voix). Chaque année : succès renouvelé.

Son rêve : tourner en province

«  Mon rêve, c’était de tourner en province mais c’était difficile car il s’agit d’un spectacle éminemment collectif.  » Aujourd’hui, c’est chose faite. La première date aura lieu le 9 octobre au Zénith de Caen, le 30 octobre à celui de Dunkerque, le 31 octobre à celui de Lille, et le 3 novembre, à celui d’Amiens. L’affiche ? Elle est splendide : sept guitaristes attitrés et onze chanteurs-guitaristes-artistes invités. On peut citer notamment Larry Carlton, Robben Ford, Christopher Cross, Johnny Clegg, Ron Thal (ex-guitariste du groupe Guns N’Roses), John Jorgenson, Paul Personne, Axel Bauer, Dan Ar Braz, Michael Jones, etc.

«  Il est hors de question que les artistes viennent jouer, faire leur show et repartent dans les loges  », explique Jean-Félix. «  Nous sommes tous, tour à tour, leaders et accompagnateurs. Notre but : construire trois heures de spectacle. Nous jouons tous à peu près le même temps, mais pas en même temps ; juste par groupe de trois ou quatre. Il y a aussi des moments solos, plus intimes. Nous proposons des couleurs différentes, des tableaux différents. Ça reste plus un spectacle qu’un simple concert de guitares… Mais j’aime bien mettre la guitare au centre de ce spectacle. Le tout est conçu comme un vrai show. La guitare est prétexte à un rassemblement humain. C’est ça qui fait que l’événement est un succès.  »

Autodidacte

Son parcours est celui d’un autodidacte : Jean-Félix Lalanne commence à jouer de la guitare – à l’oreille – à l’âge de 11 ans. Il est doué : un premier concert solo à 13 ans, découvre le picking, rencontre le regretté Marcel Dadi. Il entre au Conservatoire de Marseille.

«  Je possédais une gourmandise d’apprendre toutes les techniques  », avoue-t-il. «  Dès que j’entendais quelque chose, je voulais le reproduire. J’aime la variété des sons au sens premier du terme.  » Il possède aujourd’hui une vingtaine de guitares, acoustiques et électriques (Fender, Martin, Gibson, etc.) «  Je ne suis pas collectionneur ; je les utilise selon mes besoins.  » Il est en grande connivence avec le luthier français Lâg qui lui a fabriqué une guitare. Ses guitaristes préférés ? Ils sont nombreux. Il cite cependant «  avec gourmandise  » Mark Knopfler, «  il joue comme on chante  »), Jeff Beck ( «  pour son jeu aux doigts ; un truc très chaud  »), Chet Atkins… Ses yeux s’allument quand il parle des autres guitaristes. Modeste. Et passionné jusqu’au bout des doigts.


PHILIPPE LACOCHE Le Courrier Piccard du 27 mai 2015

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