mercredi 21 septembre 2016

Melissmell, sublime écorchée (L'Humanité)



La chanteuse revient avec l’Ankou. Un grand album rock enregistré dans le studio de Peter Gabriel.



Décidément, Melissmell ne laissera jamais indifférent. Pas plus aujourd’hui qu’hier où elle s’est imposée avec Écoute s’il pleut, son premier opus, en 2011. Un disque au fort pouvoir de contestation où la chanteuse appelait Aux armes. Trois ans après son précédent album, Droit dans la gueule du loup, elle revient avec l’Ankou (chez Pias), album tout en rage, en rock et en révolte. Un registre radical qui remue et bouscule, porté par une voix écorchée et émouvante qui transperce à la première écoute. Melissmell fait mouche dès les premiers morceaux.

À l’image de Citadelle où elle évoque « le capitalisme imprenable » : « J’attendrai ici la fin de ton petit manège », chante-t-elle entre deux riffs de guitares et d’arrangements électro. Un disque dont l’urgence rappelle la poésie sans concession de Noir Désir. Melissmell trempe sa plume dans les thèmes brûlants, tels le terrorisme dans le Pendu, titre écrit au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo, la domination de la femme (Khmar) ou la destruction écologique de la planète (les Rivières). « Écrire, c’est une manière de redresser la tête », dit celle dont l’imaginaire s’inspire des poètes du XIXe siècle, de Verlaine et Rimbaud à Maïakovski ou Jozsef Attila.

Que de chemin parcouru depuis ses deux premiers opus ! Pour ses nouvelles chansons, elle a enregistré dans le mythique studio Real World de Peter Gabriel, en Angleterre, et s’est entourée des meilleurs musiciens dont Daniel Jamet, ancien guitariste de la Mano Negra, ou Bruno Green (guitares, claviers, du groupe Détroit de Bertrand Cantat). Résultat, un album rock superbement produit où Melissmell crie son désir de liberté, entre souffrances et espoir d’un autre monde. Une artiste magnifiquement vivante sur scène, à découvrir à la Maroquinerie le 27 octobre.

Melissmell - Citadelle (Clip Officiel)



Victor Hache L'Humanité  du 16 septembre 2016

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