Le saxophoniste Raphaël Imbert a exploré les collections du Mucem pour en resortir quelques petits trésors
C'est un objet insolite qui donne son nom à l'exposition "Accordé O Jazz" aux Archives départementales. Mis en valeur par des projecteurs, ce drôle d'instrument du début du siècle dernier se résume à une grosse caisse et des cymbales actionnées par un mécanisme ingénieux destiné à produire du son. Il a été sorti des collections du Mucem à l'approche de la 17e édition du Marseille Jazz des Cinq Continents, comme une bonne centaine d'objets rappelant les chemins complexes empruntés par la musique jazz.
"L'idée n'est pas de raconter l'histoire du jazz mais de montrer comment cette musique résonne en chacun de nous", prévient Raphaël Imbert, saxophoniste, compositeur, chercheur, qui ajoute aujourd'hui à sa palette de talents celui de commissaire d'exposition. On peut y voir en déambulant librement, le canotier de Maurice Chevalier, des partitions rares, des affiches tout aussi précieuses et même la ceinture de bananes utilisée sur scène par Joséphine Baker.
"Elle a déclenché des révolutions"
"C'est une artiste qui a contribué à diffuser la culture afro-américaine, rappelle Raphaël Imbert. Elle s'est imposée dans un milieu, qui était à l'époque, très misogyne." Inutile de chercher ici de grande théorisation ou définition précise de cet art qui, pour beaucoup, se résume à des idées reçues. "Ce qui m'est apparu très rapidement, c'est l'aspect populaire véhiculé par cette musique, explique encore Raphaël Imbertsur un ton enthousiaste.Elle a déclenché des révolutions, des changements, des façons différentes d'écouter de la musique et de la jouer."Populaire comme ce bar de l'Atlantique dans le quartier du Panier, où se réunissait autrefois toute la crème des musiciens locaux pour faire le "boeuf". Le zinc d'un ancien comptoir, des vidéos sorties des archives où l'on voit apparaître le grand guitariste Claude Djaoui en pleine action, évoquent cette ambiance musicale particulière des soirs de concert. Pour Raphaël Imbert, cette carte blanche qu'on lui propose est aussi et surtout, l'aboutissement d'un rêve : "Avoir accès à un fonds légendaire qui regroupe l'ancien musée des Arts et traditions populaires, le Musée de la chanson, tout cela résonne en moi du point de vue du musicien et du chercheur." Une histoire de rencontres, d'émotions et de partage.
"Accordé O Jazz", à partir de ce soir jusqu'au 29 octobre, aux Archives départementales, 20 rue Mirès (3e).
Philippe Faner La Provence du 18 juin 2016
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