samedi 12 octobre 2013

Jonathan Wilson, l'Amérique éternelle

Jonathan Wilson
Jonathan Wilson


Il est la révélation de la scène rock américaine des dernières années. Producteur, chanteur, guitariste et compositeur,sa musique ravit.



Olivier Nuc Mis, Le Figaro, le 10/12/2013

 


À 38 ans, ce natif de Caroline du Nord est en train de devenir une figure majuscule de la scène musicale américaine. Après Gentle Spirit en 2011, Jonathan Wilson vient de sortir un nouveau chef-d'œuvre, Fanfare. «J'apprécie de pouvoir être jugé uniquement sur ma musique», déclare-t-il, ce qui fait de lui une anomalie à l'heure actuelle. Après avoir permis de replacer Laurel Canyon dans la mythologie rock'n'roll, l'homme a installé son studio à Echo Park, à l'est de Los Angeles. C'est là qu'il a enregistré son nouveau disque, en compagnie de quelques invités de prestige: Crosby, Nash, Jackson Browne, héros du son californien des années 1970. «J'étais enfant lorsque j'ai découvert leur travail sur les harmonies vocales. C'était très excitant de les voir travailler en studio.»

S'il est très attaché à la décennie qui l'a vu naître, Wilson n'est pas un passéiste pour autant. Il a récemment eu le loisir de collaborer avec Lana Del Rey et ne rejette pas la technologie moderne. Ce fou de matériel musical - une passion transmise par son père - a trouvé dans son studio un prétexte en or à l'acquisition maniaque d'instruments. «J'ai encore acheté des percussions, hier. J'en ai déjà des milliers», s'amuse-t-il. Preneur de son et réalisateur d'albums pour d'autres, il veille à tisser des climats extrêmement soignés qui rappellent parfois les disques de Pink Floyd.

Pourtant, avant de sillonner le monde avec sa guitare et son groupe, Jonathan Wilson s'est consacré de longues années à la batterie jazz. «À l'âge de 16 ans, j'étais obsédé par le jeu d'Elvin Jones avec John Coltrane. Quand on pense qu'il a enregistré A Love Supreme l'année où les Beatles en étaient encore à I Want to Hold Your Hand.» De cet apprentissage, il a tiré un goût prononcé pour l'improvisation. Guitariste exceptionnel, il veille pourtant à ne jamais perdre la mélodie de vue dans ses chorus. «Un bon solo de guitare doit pouvoir être fredonné, comme ceux de David ­Gilmour», explique-t-il.

Un enfant du Sud

Le 4 décembre dernier, il ravissait le public du quartier londonien d'Islington avec son groupe. Reconnu en Grande-Bretagne, Wilson a un attachement particulier à la France. «J'aimerais passer plusieurs mois à Paris. C'est la ville où ma musique est la mieux accueillie.» Après avoir effectué la première partie de Tom Petty, en 2012, il s'est produit dans plusieurs festivals l'été dernier. «J'aimerais beaucoup pouvoir me produire à La Cigale», déclare-t-il avec gourmandise. Alternant entre longues pièces psychédéliques et morceaux trahissant ses origines sudistes, Wilson revisite avec bonheur plusieurs traditions musicales américaines.

«Je suis un enfant du Sud, c'est incontestable, même si je vis sur la côte Ouest depuis mon adolescence», dit-il, ajoutant fièrement qu'il est natif du même État que Coltrane et Monk, deux de ses héros avec Cecil Taylor, à qui il dédie une chanson de son nouvel album. «En ce moment, je suis plongé dans le travail de Terry Riley.» Cette immersion dans la musique contemporaine irriguera peut-être un des multiples projets que cet ­infatigable enthousiaste prépare actuellement, entre deux concerts.

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