Après avoir cartonné en France avec son premier album «Philarmonic»s, la chanteuse danoise est de retour sur la scène française avec un concert au Grand Rex le 14 avril. Entre musique classique, folk et pop mystique, rencontre avec une artiste à part.
Après deux ans d’une tournée qui a traversé l’Europe et qui a couronné le succès inattendu de son premier album, Agnes Obel a voulu s’isoler pour retrouver l’introspection nécessaire à sa musique de chambre intimiste. Philarmonics, sorti en 2010, avait mis la presse d'accord et raflé quelques prix au passage. Aventine prend sa suite, enchevêtrement complexe de compositions folk et de longs passages au piano. Un jeu de ping-pong entre Debussy et Joan Baez. Le songwriting d'Agnes Obel s'est affirmé, en marge de tout ce qui peut se faire sur la scène folk. Avec, en invitée de marque, Mika Posen, membre du génial groupe canadien Timber Timbre, qui joue du violon sur l'album. Encore plus gracieux, entêtant, mystique et sombre que Philarmonics, Aventine tient toutes ses promesses. Dans la pénombre d’un hôtel parisien, Agnès Obel raconte la naissance de son disque, sa tournée de deux ans et l’importance de la musique classique dans sa vie. Elle est annoncée deux soirs à Paris, le 2 et 4 décembre au Trianon, à Paris.
Qu’est-ce qui a changé entre la sortie de Philarmonics et celle d’Aventine ?
La promo est très différente. Personne ne s’attendait à ce que le premier album ait du succès donc on n’avait prévu aucune promo, c’est arrivé pendant la tournée. J’ai fait beaucoup de concerts, puis de la promo, dans plein de pays où je n’aurais jamais pensé aller chanter. C’était nouveau. Pour cet album, on a un calendrier, tout est réglé, c’est un gros changement pour moi !
Comment s’est passée la transition entre les deux ?
J’ai mis deux ans à sortir Philarmonics. Après ça, j’ai tourné encore deux ans. Du coup j’avais un besoin intense de faire de la musique, je n’arrêtais pas de penser au nouvel album. J’avais envie de voir où j’en étais musicalement et de me rapprocher de ce que j’étais devenue. Je n’ai pas vraiment senti de pressions extérieures, plutôt un désir intérieur de composer. Du coup j’ai décidé d’arrêter de tourner et de commencer un disque pour essayer toutes ces nouvelles idées, ces atmosphères que j’imaginais, et pour raconter toutes ces nouvelles histoires. En même temps, j’avais peur de me décevoir… Alors je me suis vraiment isolée dans mon studio à Berlin, j’ai suivi mes idées, je n’ai rien fait d’autre.
Agnes Obel |
Je n’avais jamais utilisé de violon et d’alto, c’était complètement nouveau pour moi. J’ai beaucoup travaillé sur les rythmiques avec le piano, l’archet et les cordes. J’ai beaucoup expérimenté, même si je n’ai pas changé au point de jouer avec un groupe de rock ! J’aime choisir peu d’instruments et explorer tout leur potentiel. Particulièrement le violoncelle : il peut fonctionner comme une voix, un rythme, une basse…
La voix est un instrument à part entière…
J’adore quand la voix parvient à vraiment faire partie de la musique. On peut choisir ce que l’on écoute et ne pas faire attention aux mots. Bien sûr, les mots sont aussi importants dans l’album, mais ils ne sont pas le centre de ce que je veux faire.
Vous avez travaillé avec Mika Posen de Timber Timbre, comment s’est passée la rencontre ?
J’aime beaucoup la musique de Timber Timbre, et j’ai eu l’occasion de les rencontrer en 2011 à un festival en France. On est resté en contact Mika, moi et ma violoncelliste Anna Müller, et on est devenues amies. Elle est incroyable, elle joue du violon, elle chante… Je me disais toujours qu’il faudrait vraiment qu’on trouve quelqu’un comme elle, mais elle vit au Canada et je ne pensais pas qu’elle pourrait un jour jouer avec nous. Et puis, il y a quelques temps, elle était chez moi à Berlin et elle m’a dit qu’elle était libre au printemps, alors elle nous a rejoint sur une tournée en Europe. Elle apporte vraiment quelque chose au groupe, j’aime l’idée de travailler avec des amis, et j’adorerais qu’elle tourne avec nous pour toujours, mais je sais que ce n’est pas possible donc j’essaie de me faire à cette idée !
Agnes Obel - The Curse (Berlin Live Session)
Il y a encore plusieurs morceaux instrumentaux sur le disque… C’est important pour vous de garder ce lien avec la musique classique ?
J’avais écrit beaucoup de morceaux instrumentaux pour cet album, finalement je n’en ai sélectionné que certains. J’étais à un moment, au début, où j’avais tellement chanté que j’avais l’impression de ne plus avoir de mots en moi, j’avais envie de faire une pause. Puis, mon envie de chanter est revenue. Quand j’ai fini l’album, j’ai dû sélectionner des morceaux instrumentaux à garder, mais il y en avait trop, c’était trop intense. Alors j’en ai choisi pour faire des respirations, des pauses, pour ponctuer le récit. Tout le monde me dit que ces morceaux ressemblent à Satie mais pour moi ils ressemblent plus aux compositions de Bartók Pour les enfants. Je ne voulais pas mettre d’instrumentaux superflus, j’ai essayé de ne mettre sur cet album que l’essentiel.
Vous allez repartir pour une grande tournée…
Oui, nous seront trois sur scène et Mika nous accompagne sur le début de la tournée. On a pensé de nouveaux arrangements pour certains morceaux de Philarmonics et on a rajouté des cordes aux morceaux au piano. Beaucoup de surprises…
Agnes Obel - Aventine - Later... with Jools Holland - BBC Two
Propos recueillis par Pauline Le Gall - Le 03/10/2013
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