Ce soir, je satisfais une envie vieille d’un peu plus de deux ans : voir Ibrahim Maalouf en concert. Cela se passe dans le cadre du Marseille Jazz Festival des cinq continents au Palais Longchamps en plein cœur de la ville.
En première partie apparaît sur la scène Ester Rada. Une israélienne d’origine éthiopienne, Une illustre inconnue en ce qui me concerne. Un peu de bibliographie m’a appris qu’elle a trente et un an, qu'elle chante depuis son enfance et qu'elle s’est déjà produite en France en 2014 (Festival des Musiques Métisses à Angoulême, Festival Banlieues Bleues à Aubervilliers, etc..) et en 2015 (à nouveau au Festival Musiques Métisses à Angoulême, Musiques d'Ici et d'Ailleurs à Chalons-en-Champagne, Concert au New Morning à Paris, etc… Des scènes pour le moins prestigieuses.
Dès son apparition, ce bout de femme toute fine, m’impressionne. Elle a un dynamisme communicatif, un sourire et un regard qui respirent la joie de vivre. Et une voix.. Une voix chaude, puissante, agréable à écouter. Ses chansons sont combinaison d'éthio-jazz, de funk et de R&B .
L’Ethio-jazz c’est une musique issue de la fusion entre le jazz (et ses gammes à douze tons) et de la musique traditionnelle éthiopienne dite azmari (en gammes pentatoniques), (Merci qui ? Merci Wikipedia !)
Elle est soutenue par un groupe de bon niveau dont les fortes individualités savent se compléter. La chanteuse met en avant chaque membre pour des soli souvent bien inspirés. Les sonorités orientales se mêlent aux accords de jazz et c'est un bonheur.
Du moins pour moi. quand je me retourne, j'ai la sensation que le public a un peu de mal à accrocher. Mis à part quelques personnes debouts au premier rangs, tout le monde reste bien sagement, trop sagement, assis. Et, il faut, qu'en fin de session, Ester Rada insiste pour que les "timides" se lèvent et acceptent de danser sur ses rythmes.
Pourtant quelle voix!!
Elle sait mélanger adroitement des cover, qu'elle s'approprie très bien, avec ses créations. Nina Simone doit être fière, là où elle est, d'entendre vivre ses chansons à ce niveau là. Une artiste à suivre.
Ester Rada performance 3 "Four Women": 2015 Detroit Jazz Festival, Sept 6 2015
Un peu de patience, le temps que sur scène soit installé le matériel d'Ibrahim Maalouf. Depuis dix ans, déjà, il régale son public avec son talent et son humanité. Enfin l'artiste entre en scène, face à un public conquis. Un public qui n'attendait que lui. Un instant, il me semble un peu intimidé, serrant bien fort sa trompette contre sa poitrine. Au moment où il prend la parole, j'ai l'impression, dans un premier temps, qu'il parle plus dans son instrument qu'au public. Le temps d'un éclair.
L'échange entre Ibrahim Maalouf et les premiers rangs s'établit rapidement. Le trompettiste donne le La en nous disant que, ce soir, nous sommes là non seulement pour écouter sa musique mais pour danser à son rythme aussi. A ma grande joie.
Le spectacle commence par un hommage à la grande chanteuse égyptienne Oum Kalhtoum. C'est immédiatement le bonheur des oreilles et de l'esprit. Complicité entre les musiciens. Ibrahim Maalouf enchaîne des séries de duos avec ses musiciens. es soli sont énormes. La classe! La musique parle aux corps et le public ondule à son rythme. Tout cela n’empêche pas Ibrahim Maalouf de nous expliquer les structures techniques de certains morceaux; les bases rythmiques, les mouvements...
Ibrahim maalouf oum kalthoum Megarama 2016
Un nouvel intermède permet la rotation des instruments entre les deux groupes de musiciens.
Ibrahim Maalouf profite de la présence du trompettiste Erik Truffaz à Marseille pour nous proposer un duo sublime. Rythme et émotions sont toujours présents.
Puis il change de registre pour le deuxième volet, intitulé "Red & Black Light", issu de son album éponyme. La partition est beaucoup plus groove, électro, presque dance. La magie du trompettiste réside dans son mélange de styles très divers et son ouverture aux femmes et aux hommes. Le public ne s'y trompe pas, il le suit dans toutes ses propositions, chante en répétant les vers suggérés, danse en suivant les pas proposés. La communion est réelle et profonde.
Nouveau changement de rythme et de style. Ibrahim Maalouf et ses musiciens se sont défoulés sur un solo de percussions, et puis ce passage détonnant et étonnant d'un duo entre trompette et biniou m'ont touché.
Ibrahim Maalouf a terminé son show par Ie morceau Ya Ha La, "bienvenue" en arabe, avec toujours cette volonté de faire participer les spectateurs. "Pour prononcer le H c’est comme hello en anglais, c’est le côté British de l’arabe."
Le rappel semble bien court et après le départ de l'artiste, le public a continué de chanter en espérant qu'il revienne. Peine perdue. Mais nous avions chaud au cœur. sa musique était en nous.
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