lundi 28 mars 2011

Lavilliers du temps passé (La Marseillaise)

 

 

Tour de carrière en 2h de show, mardi au Dock des Suds.


« Bien mieux ici, sur les quais, que là-bas… dans ce pseudo Zénith. » Par deux fois, mardi soir, Bernard Lavilliers a dit son bonheur d’être au Dock des Suds. Et son concert dans le cadre du Festival Avec le temps l’a montré. Presque deux heures de show. Un spectacle impeccablement réglé, éclairage au top et musiciens en béton.



    S’il commence par Je cours, Lavilliers ne s’est pas cantonné à son dernier album, proposant des titres de toute sa carrière avec pas mal de chansons des débuts, des années 70, une ode peu connue comme La grande marée, mais aussi Traffic qui réveille les souvenirs d’un public d’évidence composé de fidèles, une version « tambours du Bronx » de Stand the ghetto, toute une salle qui chante les Mains d’or. Entendre tant de monde clamer « je voudrais travailler encore » prends aujourd’hui un écho particulier, tout comme les sorties -pourtant anciennes- sur le nucléaire.

    Et c’est d’ailleurs ce que montre ce tour de carrière en deux heures : une poésie incroyable mise au service d’un engagement constant, souvent prémonitoire. Cette constance, Saint-Etienne en livre une clé ; Lavilliers savait d’où il venait et ne l’a jamais oublié : « La misère écrasant son mégot sur mon cœur a laissé dans mon sang la trace indélébile qui le même son et la même couleur que la suie des crassiers, du charbon inutile. »

    Si le contestataire semble aujourd’hui fatigué, si le titre de son dernier album est Causes perdues, dans la chanson éponyme il lâche aussi : « Portez-les, vos idées, vos visages. N’oubliez rien de vos rêves fous. Tenez-les, portez-les jusqu’au bout. »

Article paru dans La Marseillaise du 24 mars 2011

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