mercredi 10 février 2016

Dutronc, bien dans son univers (La Provence)



La semaine dernière, le chanteur répétait chez lui, à Paris, avant sa tournée qui passe en Provence

Au dernier étage d'un appartement coquet situé dans le quartier du Marais, à Paris, Thomas Dutronc réunit ses amis musiciens et choristes. Il s'est accordé deux répétitions à domicile la semaine dernière, avant de se remettre dans le bain bouillonnant de la tournée. On entend les premiers accords de guitare et de banjo résonner depuis le palier, dès que l'on a quitté l'ascenseur. Sur la porte, son nom : "Dutronc". Et dès que l'on en a franchi le seuil, des sourires se lisent sur les visages. Le travail, d'accord, mais toujours dans la bonne humeur. "En bas de chez toi, y'a cette lumière", chante l'artiste d'une voix claire (tirée de son titre Minuit moins le quart) soutenu par ses choeurs (Sofia Nait et Alix Briséis). Autour d'une table basse, une contrebasse, deux guitares, et une petite batterie installée près de la fenêtre complètent la panoplie musicale acoustique. Il nous invite à poser nos affaires dans une penderie tout près d'une collection de guitares électriques flambant neuves.

Lunettes aux verres fumés, tee-shirt et baskets, le chanteur à l'allure décontractée propose de le rejoindre dans la cuisine d'où il sort un magnum de vin rouge, rapporté de Corse où il a, depuis longtemps, ses habitudes. "Je suis un peu crevé après sept soirées passées à Bercy avec les Enfoirés, lance Thomas Dutronc. Je m'y sens assez bien, moi qui n'ai pourtant jamais eu l'esprit colo. J'ai pas mal rigolé avec Kad Merad. J'ai apprécié aussi Maxime Le Forestier, un homme très cultivé. De manière générale, je me suis mieux entendu avec les comédiens qu'avec les chanteurs." On cherche sur les murs quelques photos de famille où on le verrait entouré de ses parents. En vain. On aperçoit juste, sur une étagère du salon, l'intégrale Jacques Dutronc, version CD. Sur une autre image, on reconnaît Biréli Lagrène, guitariste de jazz manouche avec lequel il a fait ses premières scènes. Après une pause d'un mois et demi, le chanteur qui n'avait plus vu ses musiciens depuis le 15 décembre reprend donc le chemin d'une tournée qui passe par Marseille, le 4 février, avant de faire étape à Montfavet, le lendemain.
"On va commencer le spectacle par le morceau Aragon"

Thomas Dutronc a envie de défendre son troisième album, Éternels jusqu'à demain, sorti au printemps dernier. Onze titres aux sonorités pop, rock, et manouche, ce dernier style étant un peu sa marque de fabrique. "On va commencer le spectacle par le morceau Aragon, sur un truc fort, comme une espèce de faux départ, explique-t-il. On mélange différentes ambiances, en y ajoutant des petits trucs qui font toujours la différence par rapport au studio. De toute façon, d'un lieu à l'autre, on n'a jamais envie de répéter le même concert." Cyril Avêque, le batteur, parle de lui comme d'un "chef de troupe qui connaît le soutien dont il a besoin." Sofia, l'une des deux choristes, évoque un "homme exigeant et drôle". La jeune femme brune qui semble s'entendre comme une soeur avec son homonyme blonde, Alix, ne perd jamais une occasion de rire.

Après quelques verres et une pause cigarette, Thomas Dutronc rappelle gentiment ses troupes à l'ordre. "Allez, on s'fait encore un petit Django pour la route", glisse-t-il. Rocky Gresset attaque les premiers accords, sans trop d'effort, dans un style typiquement manouche. La contrebasse de David Chiron donne vite le rythme, rejoint par la guitare de Jérôme Ciosi. "Je marche un peu comme un moteur diesel, j'ai besoin d'un peu de temps pour monter en puissance", confiait Thomas Dutronc juste avant de reprendre une séance de répétition qui allait s'en doute se finir tard, ce soir-là. Un moteur à la mécanique propre, bien réglée, faite pour tenir sur les longues distances.

Philippe Faner, La Provence du 2 février 2016

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