L'Express était, ce jeudi, au concert de Beth Hart à l'Olympia. La chanteuse et compositrice californienne s'y est produite à guichets fermés. Rockeuse, blues et jazz woman, voix sublime de la folk music, elle a enflammé la salle.
Elle arpente la scène comme une panthère en cage, fébrile, superbe; foudroie l'auditoire de son regard magnétique bleu. Le premier son qui sort de sa bouche est un feulement d'une puissance incroyable. De sa voix semblent surgir les cris étirés à l'infini de Janis Joplin, le timbre profond et blues de Ma Rainey... le grain acidulé de Billie Holiday. Le public est debout, en extase, les bras levés. En à peine une minute trente, Beth Hart a laissé son empreinte sur les planches de l'Olympia. " Une salle mythique! En 1971, Aretha Franklin y a fait sa première performance européenne", rappelle la chanteuse.
Seule, cachée derrière son clavier, elle attaque une magnifique ballade gospel toute en modulations. Puis, son batteur arrive sur scène, suivi d'un bassiste et de deux guitaristes en total look Blues Brothers: costumes noirs, cravates fines, chapeaux enfoncés sur la tête. Le revirement est brutal, imprévisible, terriblement rock et à son image... N'oublions pas qu'elle a chanté sur l'album Bananas, de Deep Purple.
Son chant devient éraillé et entre, sans aucun frein, en osmose avec les cordes de la Gibson Les Paul de Jon Nichols, virtuose aux sonorités kaléidoscopiques extraordinaires et éternel compagnon de route de Beth Hart. Leurs vibrations profondes envahissent la salle. Elle enchaîne en improvisant un scat rock (le scat, issu du jazz, consiste en une série d'onomatopées vocales). Du jamais entendu!
Elle pose la main sur son diaphragme, comme pour en faire sortir des monstres venus des tréfonds de l'âme. Prend les notes du haut et les balance dans un puits. Passe d'un aigu céleste à un timbre râpeux au goût de Bourbon. Le frisson est prolongé.
On se demande combien de vies a vécu Beth Hart pour que de sa voix - se baladant sur trois octaves! - se dégagent autant de couleurs, de lumières, de nuances. De personnalités aussi. Car, tout le long de ce concert, on a vu défiler aux moins trois filles différentes, comme ses alter-égos: une chanteuse de jazz portant une robe d'icône hitchcockienne des années 1950, une rockeuse aux longues jambes, les chevilles entourées de lacets en cuir noir... Une hippie aux longs cheveux qui s'évade de la grille de ses chansons et se lance dans de magnifiques improvisations. C'est ce qui lui va le mieux d'ailleurs. Beth Hart n'est pas faite pour être enfermée dans un micro sillon.
Elle a été junkie, anorexique, dépressive... On ne l'imagine pas un seul instant en l'écoutant chanter Bang Bang Boom Boom, tube dansant et accrocheur de son nouvel album, au titre éponyme. On n'a plus aucun doute quand, s'accompagnant de sa guitare folk, elle interprète son Baddest Blues. Ses yeux verts - ils ont changé de couleur - se lèvent sur un ciel invisible. Quand elle chante, Beth Hart regarde encore ce qu'elle a vu. On en demeure éblouis.
Son nouvel album Bang Bang Boom Boom (Wagram) fait un carton: Beth Hart sera de nouveau à l'Olympia le 12 mars 2014.
Par Paola Genone, publié le 29/03/2013
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mercredi 3 avril 2013
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