En guise d'apéritif, nous allons traverser le Minervois pour rejoindre Saint Chinian. Voilà de doux noms qui sonnent à mon oreille comme un beau verre de cristal prêt à recevoir les nectars locaux. Même s'ils ne vont pas avec le pilotage d'une moto, on se les garde pour les soirées au coin du feu.
La route qui mène à Saint Chinian virevolte entre vignes et pinèdes. Elle grimpe allègrement les coteaux pour dominer des vallons striés de rangées de vignes. Celà donne un aspect ordonné et bien peigné au paysage. Jusqu'à Saint Chinian le titre de route des vins n'aurait pas été usurpé. Les domaines se suivent et se ressemblent. On aperçoit les belles bâtisses qui abritent les caves. Quelques ruines longent aussi la route. L'exploitation de la vigne n'est pas un métier si facile.
En remontant un vallon le long de la D20, notre attention est attirée par la présence de Bories. Elles sont à flanc de colline juste au dessus des vignes.
Nous voilà arrivés à un col. Sur la gauche un moulin domine la vallée en contrebas.
Et de là, nous découvrons Saint Chinian ainsi que la vallée de la Vernazobre. Nous traversons rapidement le bourg. Mêmes pas tentés de boire un café. C'est jour de marché, la circulation est dense. Visiter Saint Chinian aurait pu être intéressant, mais nous prenons la poudre d'escampette. Ce sera pour une prochaine fois.
A la sortie, la route de Saint Pons de thomière est en travaux pour une transformation en voie rapide. Ce sera certainement pratique pour les gens de la région qui font les allez retour en Saint Chinian et Saint Pons, mais la vallée qui monte au col de Rodomouls (560 m) en est affectée. Les terrassements démolissent de sacrés pans de colline pour couper les virages. Heureusement il reste une grande partie avec de jolis virolos quelques fois un peu serrés mais jamais piégeux. Bref! le plaisir de rouler est bien là.
Il y a une dichotomie certaine entre le flanc sud, côté Saint Chinian et la descente sur Saint Pons. Le premier est une garrigue seiche et donne un sentiment de désolation. Le second est plus vert, la présence de feuillus en train de bourgeonner fait sentir que le printemps n'est pas loin même si les températures ne sont pas à la hauteur en cette fin mars.
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Nous ne nous attardons pas non plus à Saint Pons. C'est un tort. Le lieu aurait pu faire un point de départ de balades, au moins aussi intéressant que La Caunette.
Petit bourg d'environ deux mille habitants, sa situation, entre la mer, à cinquante kilomètres, et les montagnes, avec la zone des lacs à vingt kilomètres, est fort intéressante de ce point de vu. Saint Pons est entouré de massifs aussi variés que le Sidobre, le Somail ou la Montagne Noire.
Si vous vous penchez sur une carte routière, vous verrez qu'il y a plein de (très) petites routes autour. Elles permettent des balades sympa, à condition d'aimer les virages, les côtes et les descentes, sur toute distance.
La Cathédrale est intéressante. Son architecture mixte montre la complexité de son histoire. De construction romane initialement, son cœur a été rebâti en style gothique à partir de la fin du XV eme siècle. Mais les travaux interrompus par les guerres de religions ne seront achevés qu'au XVIIIeme siècle. Un bijou à visiter.
L'industrie textile qui a structuré la ville tout au long du XIXeme siècle et le début du XXeme a laissé des traces. Les ruines d'anciennes usines sont toujours présentes.
Nous quittons le village et grimpons vers le col du Cabaretou (941m). La route est large et peu fréquentée. Elle passe dans des bois et dégage une belle vue sur la vallée par moment. Arrivés au sommet. il fait plutôt froid. nous ne nous attardons pas. La route serpente entre champs et forêt avant de redescendre vers La Salvetat sur Agout.
La Salvétat sur Agout dont l'eau minérale locale est la propriété d'un grand groupe alimentaire depuis une vingtaine d'année est donc un nom qui sonne à l'oreille de nombreux "publivores". Mais peu de gens savent où le village se situe vraiment. Le village s'est installé sur au XII eme siècle sur un piton rocheux. Le village fut victime des rivalités entre les féodaux locaux et du être reconstruit à plusieurs reprises. Aujourd'hui, le village subsiste grâce à l'exploitation de sa source et au tourisme généré par le lac de La Raviège. Il est aussi une étape importante pour les pèlerins qui se dirigent vers Compostelle au départ d'Arles.
De là, nous longeons le lac de La Raviège. Ce lac a été mis en eau en 1957 par EDF et couvre une superficie de quatre cent quarante hectares. Il retient les eaux de l'Agout et est à cheval entre l'Hérault et le Tarn. Il est tout en longueur: quatre cent mètres de large en moyenne pour douze kilomètres de long
Le ciel lourd, laisse place de temps en temps à un rayon de soleil qui enchante le paysage en lui donnant couleurs et relief. Mais je dois garder toute mon attention sur le pilotage. si la route est belle, une biche traversant la route juste devant la moto génère une belle poussée d'adrénaline.
Un peu plus loin, nous nous arrêtons, histoire d'apprécier le paysage du lac et des montagnes, mais aussi pour laisser traverser la route à une famille de cochons sauvages.
Les abords du lacs sont sauvages et nous croisons peu de voitures. La route, assez étroite est viroleuse à souhait. En arrivant au barrage, la petite photo est obligatoire.
Cependant, au moment du départ un chien se prend d'affection pour nous et refuse de nous laisser démarrer la moto en se plaçant devant. Le jeu du je me fais caresser quand le moteur s'arrête et je joue au méchant quand il redémarre dure jusqu'à ce qu'une voiture arrivant en face l'oblige à s'écarter et à libérer le chemin.
La route descend le long de la vallée dans la forêt. quel plaisir! nous nous arrêtons à Brassac pour le déjeuner.
Brassac, village de 1400 habitants, se situe en bordure du massif granitique du Sidobre et sur le versant ouest des Monts de Lacaune. L'Agout traverse la ville de façon nonchalante. Deux châteaux marquent le bourg: le château de Brassac de Castelnau construit en 1680 sur les ruines d'un château médiéval et l'actuel château de Brassac de Belfortès a été, également, refait au XIXème siècle, sur les ruines de l'ancien qui se trouvait également à cet endroit.
Un beau pont à deux arches et à dos d'âne date du XIIIe siècle relie les deux châteaux. Leur présence s'explique par le fait que chaque seigneur surveillait l'un des extrémités du pont.
Comme l'heure passe et que nos estomacs nous rappellent à nos besoins vitaux, nous choisissons un restaurant. sous un aspect de bar restaurant anodin, il s"avère très sympa. spécial cholestérol et autres broutilles dans le sangs... Mais quel régal! Sans faire de pub, il s'agit du Café de Paris.
Nous repartons en direction de Ferrières. en arrivant, on peut voir un beau manoir. Avec une immense grue garée devant, impossible de le prendre en photo. Donc merci à celui qui a pu le faire avant moi.
photo Roland Courtin - Château de Ferrières
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En descendant la vallée de l'Agout, nous passons à proximité de très beaux hameaux.
photo lacombarelle - Le Sidobre : Le hameau de Pébiau
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Le bourg de Vabre, nous permet de traverser un pont surplombant le cours du Gijou. On devine qu'une jolie vallée s'engage là. dommage que nous n'ayons pas le temps de la remonter. Mais c'est à noter dans les tablettes pour une prochaine fois.
On sent que la Résistance y a marqué les esprits. Dès stèles en hommage aux maquisards sont présentes un peu partout.
A petit rythme, nous avançons. A Roquecourbes, la géographie change. La vallée s'élargie et la forêt, omniprésente jusque là laisse la place aux cultures. A Roquecourbe, on peut admirer un très beau pont datant du XIIIeme siècle
Nous rejoignons Castres, où une visite s'impose. Même si elle s'avère brève au regard du parcours restant.
Castres, la ville natale de Jaures. De l'ancien archevêché qui abrite un musée consacré au peintre Goya aux rives de l'Agout, la ville a tout pour plaire.
Maintenant, nous devons nous diriger vers la Montagne Noire. Je sais que la route ne sera pas de tout repos. Mais pour corser l'affaire, je me trompe de route. au lieu de grimper tranquillement à partir de Labruiguiere puis de redescendre par la D56 vers le lac de Laprade Basse, je me retrouve à faire un détours par Escoussens, Arfons et Saissac.
En tout cas Labruiguiere garde de jolies traces de son époque médiévale au travers des petites rues du centre du village. En sortant, je commet l'erreur de tourner à droite et nous passons à travers toute une zone d'exploitations agricoles jusqu'à Escoussens. A partir de ce village la Montagne et la Forêt prennent leurs droits.
La route est sinueuse, mal revêtue et couverte de feuilles mortes par endroits.L'humidité de l'hiver est toujours présente. Les virages serrés sont en pente raide et la fatigue aidant, je ne suis pas très à l'aise. Mais nous grimpons petit à petit. nous franchissons le pas de Sant. Une retenue d'eau est très jolie en contre bas. J'aurais du m'y arrêter pour faire une photo.
photo JLMEVEL - Sur la Montagne Noire, forêt d'Hautaniboul
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En longeant le flanc de la montagne on se rend compte que la forêt a changé de nature. de Sauvage elle est devenue cultivée. les sapins sont plantés bien droits et bien serrés. le sous bois est sombre. un peu avant d'arriver à Arfons, l'espace se dégage temporairement pour rentrer dans une zone cultivée.
photo JLMEVEL - Arfons : Montagne Noire
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Un peu plus loin, la forêt se referme sur nous. Il est temps de faire une pose. Je n'ose même pas proposer à Patricia, d'aller voir le réservoir du Lampy neuf qui, comme tant d'autres dans la région, permet d'approvisionner en eau le Canal du Midi. Il a été créé en 1782, soit un siècle après l'ouverture du Canal du Midi (1681).
photo Joreca - le réservoir du Lampy neuf |
La visite du lac de Laprade basse prévue initialement était dans ce sens là.
Maintenant, il me faut avaler la coupe jusqu'à la Lie. Retrouver un chemin correct pour rentrer sue la Caunette. La solution qui me parait la plus simple est de rejoindre Saissac.
Saissac est un village fortifié datant du XIIIeme siècle. Le château lui est antérieur: il date du Xeme siècle.
Saissac et son château |
A Salsigne, j'espérais avoir un petit point de vue sur les restes de la mine. Mais il n'en a rien été.
Nous filons jusqu'à Villeneuve Minervois. La route se fait plus facile à partir de là. Arrivés à Laure Minervois, je fais une autre erreur qui va encore rajouter quelques kilomètres à la balade. Je me fie à un panneau annonçant Aigues Vives (11800). Qui au lieu de m'envoyer plein Est vers Aigues Vives (34210) ...... Me dirige vers le sud. quelle idée d'appeler deux villages de façon identique à trente kilomètres l'un de l'autre !!!
Pas facile de s'y retrouver pour un quidam moyen dans mon genre.
A la sortie d'Aigues Vives (11800 :D ) nous prenons une petite route qui longe un petit canal dit rigole d'Aigues Vives. Le lieux a du charme. Et pour une fois j'apprécie une belle et bonne ligne droite. Il aurait été intéressant d'installer un compteur de virages sur la moto en plus du compteur kilométrique. Cette journée aurait eu le pompon.
A Puychéric, nous retrouvons, avec plaisir la nationale qui nous ramène vers la Caunette.
photo jordi Sado |
Nous sommes épuisés. Ce n'est pas tellement la distance totale parcourue qui aura été épuisante mais certainement l'accumulation des kilomètres depuis trois jours d'une part et les conditions dans lesquels ont été parcourus les cent derniers kilomètres de cette journée.
Le repas du soir et le lit seront les bienvenus après une telle balade.
En voilà une belle balade!
RépondreSupprimerMerci pour cette visite très bien illustrée et très bien bien racontée. Il faut dire que nous sommes déjà un peu partisans car nous sommes du Tarn!
La château de Brassac, Jaurès et sa ville de Castres, la montée de la Montagne Noire... Vous avez découvert nos endroits préférés!
J'espère que la prochaine fois la route sera un peu moins fatigante pour vous!
Bonne route!