Des manifestations ont été organisées samedi 22 septembre en France et en
Belgique,
à l'appel de la Fédération des associations européennes de
motocyclistes (FEMA), dont fait partie la Fédération française des
motards en colère (FFMC).
Ces associations s'opposent à une proposition de règlement de la Commission, qui veut
assujettir les deux-roues, comme les voitures, au contrôle technique, un examen obligatoire et payant. Elles dénoncent une
"politique de racket inacceptable".
Les motards sont déjà soumis au contrôle technique dans seize pays de l'
Union européenne. Dans les onze autres, dont la France, ils ne le sont pas. Les motards vont
rencontrer des députés européens dans leurs circonscriptions pour leur
demander de
voter contre le projet de la Commission.
Ce projet a été adopté en juillet par le collège des commissaires, à la demande de
Siim Kallas, chargé des
transports. Il doit désormais l'être par les ministres de l'Union et le Parlement européen.
La Commission propose qu'un premier contrôle intervienne quatre ans
après la mise en service du véhicule, un deuxième deux ans plus tard,
puis tous les ans. Elle entend ainsi
"réduire de moitié le nombre de victimes de la route d'ici à 2020", mais aussi
"diminuer les émissions associées au mauvais entretien des véhicules".
ANCIENNETÉ DES VÉHICULES
Bruxelles affirme qu'il existe un lien entre la gravité des accidents et l'ancienneté des véhicules :
"Il
est prouvé empiriquement que, entre cinq et six ans d'âge, le nombre
d'accidents graves (mortels) dus à des défaillances techniques augmente
notablement", indique-t-elle. Elle assure que 8 % des accidents
impliquant des motos sont causés par des défaillances techniques. Des
chiffres avancés par le groupe Dekra, leader du contrôle technique en
Allemagne et en France, et contestés par les motards.
Ces derniers mettent en avant l'étude "Motorcycle accidents in-depth
study" (Maids), conduite par les scientifiques de cinq pays (dont, en
France, le Centre européen d'études de sécurité et d'analyse des
risques), et financée principalement par les
constructeurs de deux-roues à moteur et la Commission. Elle montre que l'âge du véhicule n'est la
"cause primaire" de l'accident que dans 0,3 % des cas ; il constitue un
"facteur contributif" dans 5 % des cas.
"Si
les véhicules de plus de quinze ans sont davantage impliqués dans les
accidents mortels, c'est tout simplement parce qu'ils sont rarement
équipés d'airbags et d'ABS !", proteste
Eric Thiollier, le délégué général de la FFMC.
Une analyse que partage l'accidentologue
Claude Got :
"Ce qui fait la différence, c'est l'amélioration technique des véhicules neufs", alors que
"le contrôle technique n'a pas prouvé son efficacité, dit-il.
Une étude norvégienne conduite tous les deux ans sur deux groupes de
voitures a montré que leur accidentalité était la même, qu'elles aient
eu un contrôle technique ou pas". Claude Got confirme que les problèmes techniques ne représentent qu'un faible
"pourcentage de la mortalité" : ils concernent principalement l'éclatement des pneus et la rupture de la galette de direction.
M. Got estime qu'il ne faudrait
retenir cette obligation de contrôle qu'
"en cas de vente d'un véhicule, quel qu'il soit.
Mais il n'y a aucune chance d'obtenir un tel retour en arrière, compte tenu du poids économique atteint par le contrôle technique". Il rappelle que celui-ci a été introduit
"à
la demande du groupe de pression des automobilistes qui refusait les
limitations de vitesse et qui conseillait aux pouvoirs publics de s'occuper plutôt des voitures bancales".
Rafaële Rivais le 24/09/2012