samedi 15 juillet 2017

Ibrahim Maalouf : "Mon rapport avec la trompette est tout sauf fusionnel" (Culturebox)

Ibrahim Maalouf
Ibrahim Maalouf
Et si le trompettiste franco-libanais récompensé cette année encore aux Victoires de la Musique et aux César, n'avait pas pendant des années aimé jouer de la trompette ? Et s'il avait dû se battre très longtemps avec cet instrument ? Ibrahim Maalouf était en concert le 25 juin dans le cadre du "North Summer Festival" de Lille. L'occasion de se confier sur son parcours musical mais aussi personnel.

Quand Ibrahim Maalouf se confie sur ses débuts difficiles avec la trompette, c'est sûr, on a du mal à y croire. Comme quoi, avec un peu de persévérance... "Le rapport avec un instrument, c'est un peu comme dans un couple", se confie-t-il. "Parfois, on fait tout pour que ça fonctionne mais ça ne veut pas." Une interview au plus près de ses racines et de son histoire.  


Itv Ibrahim Maalouf

Ibrahim Maalouf, c'est deux victoires de la musique (2014 et 2017), le César de la meilleure musique originale - celle du film "Dans les forêts de SIbérie" de Safy Nebbou -, c'est aussi des collaborations avec Sting, Vincent Delerm ou Matthieu Chedid ou encore la composition de la bande originale de "Yves Saint-Laurent", le film de Jalil Lespert. Pourtant, tout n'était pas joué d'avance.

"Je vais vous surprendre, mon rapport avec la trompette est tout sauf fusionnel. La vérité c'est que je me suis longtemps battu avec cet instrument. Il y avait un truc qui ne fonctionnait pas. J'ai dû batailler pour trouver un moyen de vivre avec la trompette... Et puis, j'ai fini par y arriver !"

Ibrahim Maalouf - Baïkal



Ibrahim Maalouf, l'enfant de Beyrouth

Né en 1980 dans un pays décimé par la guerre civile, l'enfant de Beyrouth a dû fuir son pays natal, le Liban. S'il rêvait de devenir un architecte libre pour reconstruire son pays dévasté, c'est dans la musique qu'il trouve finalement refuge. Conter ses origines, c'est avec la trompette qu'il le fait le mieux. Une manière, aussi, d'évacuer des traumatismes, et de ne pas oublier. Dans un contexte de crise, l'auteur-compositeur rappelle à quel point il est difficile de ne pas vivre chez soi, de devoir reprendre ses marques dans un pays qui n'est pas le sien.

"Dans cette période compliquée on parle des réfugiés comme des gens qui dérangent. L'exil c'est quelque chose de difficile. Les gens oublient à quel point c'est dur de ne pas vivre chez soi, à quelque point être chez d'autres personnes est une situation extrêmement humiliante et fatigante"


Ibrahim Maalouf - Beirut




L'enfance n'a donc pas toujours été simple. Sa stabilité, c'est auprès des femmes de sa famille qu'il l'a trouvée. C'est à celles qui ont toujours su "le ramener à l'essentiel" qu'il dédie son dernier album "Black Light" (2015).




Prendre le temps de parler avec les gens

Depuis le début de sa carrière, le live, il a toujours aimé ça. Echanger avec le public, improviser pour favoriser "l'acte de création". Souvent, il rencontre de jeunes musiciens dans les conservatoires de Paris pour leur apprendre à se libérer de leurs codes et à découvrir un espace d'expression qu'ils connaissent peu : l'improvisation.



Un artiste généreux qui sait "prendre le temps de parler avec les gens". Prendre le temps, pour calmer aussi. Dans une époque de divisions, ses musiques, hymnes à la paix, invitent à la réconciliation. A l'image de "Run the World (Girls)" véritable "ode à la fraternité". Reprenant l'hymne féministe de Beyoncé, cette "dystopie glaçante" nous transporte en 2027, lorsque le gouvernement annonce un couvre-feu pour les personnes dites "différentes". A présent, elles devront porter un badge de reconnaissance.

Ibrahim Maalouf - Run The World (Girls)





Par Coline Bastard, Culturebox, le 26 juin 2017

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