jeudi 8 octobre 2015

Blue Room Ana et Milton Popovic

Ils ont appelé cela blue Room (la chambre bleue). C'est une petite chambre dans l'appartement familial des Popovic à Belgrade. Milton Popovic y stockait les guitares avec lesquelles lui-même avait appris à jouer. Les disques vinyles, principalement du blues, qu'il avait accumulés au fil des ans s'y entassaient aussi.. Il a appris à parler anglais en écoutant du blues. Musique qu'il partageait avec sa jeune fille, comme ils chantaient ensemble dans « la Blue Room ».



« J'ai 2 ou 3 ans," dit Ana Popovic. "Il prenait une stropphe puis j'en prenait une autre. Roots blues, Delta blues, Chicago blues, ou du Texas blues. Nous nous asseyions à côté des guitares et invitions quelques amis et passions le week-end comme ça, jouer de la musique, des jam sessions, jusqu'au dimanche après-midi. Et comme la chambre était petite, l'assemblée débordait dans le salon »

Au milieu de la guerre civile qui a vu éclater la Yougoslavie, les gens avaient mieux à faire que de construire une collection d'albums de blues. « Il n'était pas facile de trouver des documents à cette époque en Serbie, » dit Ana Popovic. Mais les amis de Milton étaient tous les amateurs de musique, et si l'un d'eux s'aventurait hors du pays pour affaires, il ramenait de bonnes choses. « Chaque fois que Stevie Ray Vaughan sortait un nouvel enregistrement », dit Ana Popovic de son père, « il faisait en sorte de nous le procurer. »

La famille Popovic est une famille de musiciens. Mais pas uniquement orientée vers le blues.  La sœur d'Ana est inspirée par d'autres sons. « L'une est tombée amoureuse du blues et l'autre non » dit Ana Popovic.

Elle revient toujours à la chambre bleue avec son père. « Il me faisait toujours remarquer les choses de façon opportune. Écoute la reverb sur cette batterie, écoute cette ligne de basse. Écoute la production dans ces voix, le vibrato de la guitare de BB King….  Tout ce que je n'aurais pas pu découvrir sans qu'on me le montre »"

Elle était encore adolescente quand elle a formé un groupe de blues-rock appelé « Hush » (Chut). «j'avais 18 ans et nous sommes passés à la télévision nationale, nous avons joué du blues et chanté en anglais. Ce qui était inhabituel. » dit-elle.

« Je suis arrivée simplement au moment où nous pouvions commencer à voyager à l'étranger » dit-elle. « Mais il a été très difficile de partir. Pour me rendre en hollande, cela a pris un an et demi. Ça a été un combat. »

Elle a déménagé à Amsterdam pour étudier la guitare et avait peut-être 20 ans quand elle a écrit sa première chanson « Hush ». Cela n'a pas été facile « d'écrire un disque dans une langue qui n'est pas la votre »  dit-elle. « Les textes devaient être en anglais parce que personne ne l'écoute du blues serbe ». Quand un producteur demandé si elle avait assez de chansons originales pour enregistrer un album, Ana  Popovic a dit que oui. "Ce qui était un mensonge», admet-elle. «Je me suis littéralement enfermée dans une chambre et j'en ai écrit six."

« Hush » fonctionnait bien, attirait l'attention. mais Ana Popovic n'était pas satisfaite. Pour elle, le blues ne pouvait être joué que dans un seul lieu.

"Mes premières demandes de visas américains ont été refusées," dit-elle. "Je ne voulais que le nom international. En Hollande, nous avons eu de grands spectacles, beaucoup de spectacles. Les agents demandaient:« Pourquoi allez-vous aux États-Unis? Ils ont tellement de grands joueurs de guitare, qu'ils ne vous attendent pas. "

Peut-être qu'elle avait besoin d'eux. Ana Popovic a finalement obtenu son visa pour les Etats Unis, et passe son temps entre Memphis et Amsterdam. Elle n'a pas apporté les rythmes folkloriques de son enfance Europe de l'Est avec elle. Ils ne sont jamais arrivés dans la Blue Room. « J'ai grandi uniquement avec les sons  américains, » dit-elle.

Comme les sons de la Blue Room, elle a finalement convaincu Milton d'enregistrer avec elle. « J'ai passé les sept, huit dernières années à essayer de le convaincre d'enregistrer un disque ensemble, » dit-elle. « Je lui ai dit, « tu dois juste le faire pour tes petits-enfants. Juste une ou deux chansons. » "

Une ou deux sont devenues onze. Ils ont travaillé à nouveau sur les arrangements qu'ils avaient abordés ensemble depuis l'âge de 2 et 3 ans. « Catfish Blues, Je me souviens à un âge précoce, » dit-elle. « Red River Blues », avec Brownie McGhee, je me souviens d'y avoir travaillé à un âge plus précoce. »

Encore une chose à propos de "la chambre bleue". Elle a des fenêtres. Ana Popovic va sortir un nouvel album cet automne, elle promet qu'il aura une vaste ambiance sonore. Elle se penche réellement dans beaucoup de directions, y compris celles explorées par Hendrix.

« La chose la plus difficile c'est écrire une chanson de blues moderne, » dit Ana Popovic. « Je ne peux pas écrire sur les champs de coton. »

Mais pourquoi avoir disséqué et traduit cette interview en français ?

Car les dire D'Ana Popovic reflètent bien ce qu'est son nouvel album : un recueil de souvenirs d'enfance faits de sons et d'ambiances appliqués à de grands classiques du blues. Bref, à ses oreilles ils ont comme un parfum de madeleine qu'elle partage bien volontiers avec nous, ses auditeurs.

Cet album nous permet de boire aux sources qui ont suscité le développement des qualités de musiciennes d'Anna Popovic. L'interprétation des morceaux est sobre et toute en finesse avec le feeling adapté. Elle est servie par la complémentarité des voix du père et de la fille. Milton Popovic me rappelle par certains côtés JJ Cale dans sa façon de chanter voire avec son jeu de guitare sur certains morceaux.

Voilà un album qui transpire la complicité père et fille. Un bel hommage aux grands anciens auxquels il témoigne amour et respect.





  Titre                           Auteur          Durée
Catfish Blues               Robert Petway                   2:19
I'm Losing You             John Lennon      4:37
Evening Shadows        Acker Bilk /
                                   Van Morrisn                      4:06
Grant Spivey               Victoria Spivey                  3:00
Somebody                    John Brannen /
                                  Jack Tempchin                  4:23
Did Somebody Make
 a Fool Out of You         Tony Joe White                 4:36
We Used to Know         Ian Anderson                   3:33
Rainy Night
in GeorgiaTony             Tony Joe White                 4:44
Red River Blues            Brownie McGhee /
Baby What's Wrong  Jimmy Reed                     3:32
Tupelo                        John Lee Hooker               3:44


Et c'est avec plaisir que je vous invite à comparer certaines reprises de l'album des Popovic père et fille avec certaines versions originales.




  • I'm Losing You









  • Did Somebody Make  a Fool Out of You









  • We Used to Know










  •  Somebody










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