photo DR
Jamais la FFMC (Fédération française des motards en colère) et les usagers de la route n'ont autant manifesté leur mécontentement, mais voilà qu'après avoir entre autres dénoncé les incohérences de la sécurité routière, puis les radars pompes à fric, un très rémunérateur mais peu utile projet de Contrôle technique européen énerve copieusement les motocyclistes. Résultat, il y a des manifs dans l'air, principalement sous l'impulsion des 83 délégations départementales de la FFMC.
Ainsi, de même qu'un peu partout en Europe : "La FFMC 13 invite tous les usagers de la route ce samedi 22 septembre, à 14h au Dôme de Marseille Saint-Just", annonce Philippe Stoppacher le coordinateur de la section des Bouches-du-Rhône, "pour manifester leur mécontentements contre ce projet de règlement européen. Cette vision de la sécurité routière est uniquement dictée par le lobbying, notamment des centres de Contrôle technique, prêts à se partager un gâteau de 1.5 milliard d’euros par an, que représenterait la mise en place d’un CT pour les deux-roues motorisés. Bien loin de toutes idées d’améliorer la sécurité des usagers de la route".
Rendez-vous avec les Eurodéputés Marseillais
"Reste à savoir si les eurodéputés chargés d’examiner ce projet se laisseront berner. Car la commission européenne s’appuie sur des études en accidentologie présentée par... ? Dekra, enseigne leader européenne des contrôles techniques ! Études pourtant démentie par toutes les autres réalisées par des chercheurs en sécurité routière et les offices gouvernementaux chargés de ces questions.
"Au terme de cette manifestation la FFMC 13 a donné rendez-vous aux eurodéputés Marseillais, Dominique Vlasto, Jean-luc Bennahmias, Jean Roatta, François Alfonsi et Karim Zeribi, afin de pouvoir débattre publiquement sur le sujet et de leur transmettre la position ainsi que les arguments de la FFMC."
Les automobilistes également concernés
Par ailleurs, la FFMC élargit le débat aux automobilistes et précise : "Les usagers de la route se mobilisent contre la sécurité rentière. Car sorti par la porte à plusieurs reprises ces dernières années, le contrôle technique des motos revient par la fenêtre de la Commission Européenne… Naturellement, ça va se durcir aussi pour les automobilistes qui devront s’y présenter tous les ans !
"A la mi-juillet, la Commission européenne a annoncé un projet de règlement de Contrôle technique (CT) étendu à tous les deux-roues motorisés (2RM) de l’Union européenne (sur 27 pays, 11 n’imposent pas de CT aux 2RM), ainsi qu’un durcissement des contrôles déjà existants pour les voitures particulières. Le prétexte avancé par les promoteurs de ce projet est bien évidemment une supposée réduction de la sinistralité routière. Le hic, c’est que les études disponibles réalisées par des chercheurs en sécurité routière et les offices gouvernementaux chargés de ces questions ont conclu à la très faible incidence des contrôles techniques sur la mortalité routière."
Le lobbying de Dekra dans le collimateur...
"Qu’à cela ne tienne, cette fois, la Commission européenne s’appuie sur des études en accidentologie présentées par Dekra, enseigne européenne leader des contrôles techniques. Là, on comprend encore mieux le lobbying des professionnels du CT. La question est de savoir si les eurodéputés chargés d’examiner ce projet iront se fourvoyer dans ce dossier qui a des gros airs de collusion d’intérêts au nom de la sécurité routière, un peu comme le récent scandale des éthylotests obligatoires conseillés par ses fabricants exclusifs. Il y a peut-être mieux à faire en ce moment pour l’Europe, non ?
"Les Motards en colère sont déterminés à alerter tous les conducteurs contre ce nouveau règlement inutile, en se demandant quand viendra le changement annoncé aux dernières élections."
Seulement 0,7% des défaillances de véhicules
Rappelons que les accidents de motos liés à un problème technique du véhicule restent ultra minoritaires. Mais la situation préoccupante de l’accidentologie moto pousse des pouvoirs publics dépassés par les événements à prétendre s’occuper de ce sujet en proposant la mise en oeuvre d’un Contrôle technique pour les motos. Selon l'étude Maids (Motorcyles accident in depth study), 0,7% accidents de deux roues motrices sont imputables à une défaillance des véhicules.
Et une étude norvégienne a démontré l’inutilité des CT périodiques des véhicules sur l’accidentalité, une analyse notamment confirmée par l'ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière) , ainsi que les rapport des Ponts&Chaussées et Guyot.
Pour l'anecdote, qui n'en est pas une, notons que les véhicules les plus récents sont aussi les plus impliqués dans les accidents mais également que dans des pays tels l’Allemagne et l’Italie, qui ont introduit un contrôle technique des deux roues motorisés le nombre d’accidents a augmenté... Le contrôle technique ne contribue donc pas à améliorer la sécurité routière des motos.
Selon l'ONISR : "Contrôle technique inopportun"
Dès 2007 l'ONISR constatait : "Le contrôle technique périodique (ndlr: des deux roues motorisés) n’a pas d’effet sur la sécurité routière (...) il n’apparaît pas opportun d’étendre la mesure aux motocyclettes".
Puisque que la préservation de notre environnement est actuellement dans l'air du temps poliltique, rappelons que les constructeurs ont réalisé en moins d'une décennie des progrès considérables : les émissions de monoxyde de carbone ont diminué de 94% et ceux des oxydes d’azote de 50%.
En clair, se déplacer à moto ou en scooter est aujourd'hui un acte civique, surtout dans les zones urbaines, où le législateur serait bien inspiré de veiller à la formation des jeunes conducteurs et à celle des automobilistes au regard de la fragilité des motards plutôt qu'à faire régulièrement fausse route vers des voies sans issue !
Charles-Bernard ADREANI