Elle grandit, Izia. "Ben, ouais, quoi j'ai 20 ans", lâche crânement la chanteuse la plus intéressante que le rock français ait livrée depuis belle lurette. Du haut de ses talons et de ses deux décennies, la fille Higelin, analyse les deux dernières années qu'elle a vécues avec une belle lucidité. Le succès de son premier disque (Izia) comme l'accueil plus que chaleureux réservé à ses concerts? "Par rapport au peu de diffusion radio de mes chansons et au caractère pas commercial de ma musique, c'était totalement inattendu! Ça a été deux années assez folles. J'en sors galvanisée, mais crevée, aussi."
Photo Valérie Farine
Et puis, surtout, Izia piaffe d'impatience. "Là, on fait les dernières dates de la tournée. C'est un peu étrange, parce qu'on joue encore les titres du premier disque, alors que le prochain arrive… Le premier album me ressemble et ne me ressemble plus à la fois!" Comme une photo d'elle, mais couleur sépia? "Oui, c'est exactement ça. C'est une photo de moi, il y a 5 ans."Serait-ce, alors, que les premières chansons vives, rugueuses, jubilatoires ont atteint leur date de péremption? "Non, parce que chaque soir, on les joue devant des gens différents et donc, forcément, elles prennent une énergie différente puisqu'on les vit aussi à travers le public. Je ne m'en lasse pas, mais je suis impatiente de faire découvrir la nouvelle moi à mon public", sourit la voix éraillée de la pétulante gamine.
À quoi va-t-elle donc ressembler cette Izia en pleine mue? "Elle sera un peu plus posée. Pour l'album, j'ai envie qu'on lâche un peu moins les chevaux, que les mélodies soient plus chiadées, qu'il y ait plus de relief. On reste sur du rock, de l'énergie, de la fougue, mais avec plus de maîtrise, plus de maturité." Pour tisser ce nouveau disque, Izia a déjà tiré quelques fils. "Certains morceaux sont nés, comme ça, pendant des balances. Et puis, avec Sébastien, le guitariste, on a fait des séances de travail à la campagne. Pas mal de choses en sont sorties.
Après, ça va s'écrémer."Ce travail-là, le duo, ira le peaufiner en Angleterre, terre rock'n'roll s'il en est: "Comme un truc initiatique!", rit-elle. Même pas la pression à l'aube du deuxième album, l'effrontée: "Peut-être que je vais me planter aux yeux de certains, de ceux qui voudraient que je reste dans la lignée d'un rock old school, 70's. J'ai forcément un peu peur de les décevoir, mais en même temps, c'est ce que je suis aujourd'hui. Et je suis tellement excitée de faire de nouvelles choses que je préfère courir le risque plutôt que d'avoir les regrets de ne pas les avoir faites. Et tant pis si je me pète la gueule! Au moins, je serai en accord avec moi."
Jeudi 4, 20h, Espace Julien, à Marseille. 04 91 24 34 10
Coralie BONNEFOY , La Provence du 2 novembre 2010
Merci pour cette interview !
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