Tels les Enfants terribles de Cocteau, Patti Smith et Robert Mapplethorpe ont été liés par une complicité qui transcende le temps. Souvent relégué au statut d'artiste maudit, le photographe et peintre américain, disparu en 1986, a exploré la beauté de l'âme humaine jusqu'à ses tréfonds. A l'occasion de la plus grande rétrospective jamais consacrée à son art, présentée au Grand Palais, Patti Smith revient sur leurs plus belles années.
"Une secousse au poignet, l'excitation, le déclic. L'immédiateté. C'est ce qui caractérisait Robert Mapplethorpe. Ses photos étaient un acte physique, une quête fébrile de la beauté. Ses yeux absorbaient le moindre jeu de lumière. Dans le feu de l'action, Robert savait exactement ce qu'il voulait capturer. J'ai été son premier modèle. Je l'ai persuadé de se servir d'un appareil photo, alors qu'il ne voulait que dessiner, perfectionner ses collages et ses installations. Et c'est lui qui a fait de moi une chanteuse, une musicienne. Je rêvais d'être poète. Quand je regarde aujourd'hui mon portrait sur la pochette de Horses, signé par Robert, ce n'est pas moi que je vois. C'est nous deux.
"J'ai rencontré Robert pour la première fois en 1967, à New York. C'était l'été, j'avais 20 ans. Je débarquais du New Jersey en bus, avec ma salopette, ma valise écossaise et un exemplaire des Illuminations de Rimbaud.
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Patti Smith et Robert Mapplethorpe |