Le dernier opus de Moussu T. e lei jovents vient de sortir. A travers un album-livre, le groupe occitan revient avec 11 morceaux blues dans lesquels l’engagement et le partage tiennent une nouvelle fois le haut de l’affiche.
On les avait quittés en 2014 avec une parenthèse musicale destinée à rendre hommage à l’opérette marseillaise. Moussu T. e lei jovents est de retour avec Navega! un album qui permet au groupe de se replonger dans son univers blues.
« L’opérette, on y tenait » soutient Tatou, le chanteur du groupe. « C’était comme un exercice pour nous, qui avait une valeur pédagogique. Cela sortait de notre répertoire, même si c’est aussi notre vivier d’inspiration ».
Navega! reprend le chemin du blues (La balada d’Henri Diffonty), teinté de rock (Cosmopolida). Ou au contraire, de balades mélancoliques (Aquò mi fa mau). Moins d’influences caribéennes en revanche au fil de cet album-objet comportant également un livre de 48 pages illustrées par Blu, chanteur et guitariste. En alternance entre français et occitan.
Moussu T e lei Jovents / Teaser "Navega !"
« On est parti d’une vingtaine de titres, puis au moment de la sélection, on est resté sur du très blues. Parce que ça se tenait, ça justifiait donc un nouvel album » explique Blu.
Au menu de ce neuvième album: de l’engagement, du partage, sous le sceau du cosmopolitanisme. Les bases des univers musical et culturel de Moussu T. qui n’oublie toutefois pas de se renouveler.
On y retrouve ainsi le destin tragique du maquisard originaire de La Ciotat Henri Diffonty, ou de l’actrice et femme libérée Louise Brooks. « C’est notre panthéon à nous » assure Tatou. « Des gens qui nous servent de repères, parce qu’ils ont refusé l’inacceptable ». Une sorte de décor fait également d’anonymes du quotidien et du monde qui les entoure. Et La Ciotat bien sûr, que l’on devine dans Grues.
« Le blues c’est triste mais ça ne rend pas triste »
Les musiciens se disent plus « dans la vraie vie » que « pessimistes », quand on leur fait remarquer la gravité de certains textes. « Il y a du doute chez les gens aujourd’hui » se défend Blu. « On n’est pas hors-sol. On observe, on les accompagne, on chante mais on a toujours quelque part un message d’espoir. Et justement le blues c’est le style idéal pour évoquer les bons et les mauvais moments de la vie. Le blues c’est triste mais ça ne rend pas triste ».Les allées et venues entre le local et le cosmopolitain ne déroutent pas. La cohérence se trouve sur la longueur. « On chante pour le monde, à partir d’ici avec la Méditerranée comme route » résument Tatou et Blu qui écrivent des chansons chacun dans leur coin avant de les mettre dans le pot commun pour en discuter. Se dire oui ou non. En attendant que le reste du groupe vienne mettre le tout en musique.
L’album sorti, place à la scène, en France et en Europe. « Notre vrai métier » sourient-ils. Petit à petit, le public s’est fidélisé. Y compris au-delà du Midi. « Ailleurs, on ne nous voit pas comme des Marseillais, mais plutôt comme des musiciens qui défendent et assument une culture occitane qui déplaît au pouvoir car il souffre de la maladie verticale de la centralisation ». Un message qui peut « parler à des Bretons, des Alsaciens, des Parisiens... qui eux aussi sont confrontés à ces problématiques. On s’aperçoit que quand tu parles de ton réel, tu entres dans le réel des autres ».
Un contre-pied aux tentatives « d’en haut » visant à « uniformiser la culture ». « On assume dans nos chansons la rencontre avec l’autre et l’étranger, avec la mer comme élément ». Pour un monde ouvert. « Parce que le monde est fait de diversités ». Paroles de Tatou et Blu !
Pour plus d'information: http://moussuteleijovents.com
Sébastien Madau, La Marseillaise du lundi 26 septembre 2016
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