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jeudi 7 juillet 2016

Fela, deux précieuses publications du pionnier de l’afrobeat (L'Humanité)




Deux pépites discographiques nous emportent au cœur de la matrice de l’afrobeat.

Fara C. L'Humanité, le 10 juin 2016
  

En 1986, Fela Anikulapo Kuti embrasait la grande scène de la Fête de l’Humanité... En avant-première de la commémoration, en 2017, des vingt ans de sa mort, le label Knitting Factory Records, qui veille à la mémoire du héros nigérian, sort deux précieuses publications, qui nous renvoient plus de quarante en arrière: un triple CD et un vinyle. Même si l’on regrette que le personnel ne soit pas indiqué, on plongera avec jubilation dans la musique du célèbre pionnier.

Les mélomanes se régaleront avec le son du vinyle enregistré en 1976
Le LP contient deux titres, “I Go Shout Plenty!!!” (qui dure plus de treize minutes) et “Frustration” (quasi quatorze minutes). Les mélomanes se régaleront avec le son du vinyle, idéal pour ces pépites enregistrées en 1976. Celles-ci avaient été confisquées par l’armée nigériane – une des maintes opérations répressives contre le chantre de la révolution africaine. Ce LP constitue une forme d’hommage à Fela, dont il témoigne de l’âge d’or.


Fela Kuti - My Lady Frustration




Quant au triple CD, “Fela And His Koola Lobitos”, il comprend un livret de douze pages en anglais – dont la discographie de Fela et une étude de Michael E. Veal, fort intéressante. Il réunit tous les enregistrements de Fela à la tête du Koola Lobitos, de 1963 à 1969. Ce qu’il y a de fascinant, dans cette rétrospective de presque sept ans, c’est qu’elle nous emporte au cœur de la matrice de l’afrobeat. A l’époque, Fela porte encore le patronyme Ransome (qu’il abandonnera plus tard, car « attribué par les colons », nous dira-t-il). Il n’a pas encore opté pour le saxophone, il joue de la trompette. Au fil des trois CD, on perçoit son évolution (et celle de son complice, l’historique batteur Tony Allen). Encore empreint de jazz, de soul, de rythm'n blues et de résonnances caribéennes, son jeu, ses compositions et ses arrangements se transforment peu à peu. Tony Allen, que l’on sent influencé par Art Blakey, africanise lui aussi son style.
Les premières fragrances de l’afrobeat

En des pièces comme “Waka Waka” et “Ororuka” (quel solo d’Allen!), on saisit les premières fragrances de l’afrobeat, future marque de fabrique de Fela et Tony. Dans “Home Cooking” (« Cuisiné à la maison »), qui conclut le CD3, la section des vents rugit, zébrée de ces dissonances propres à Fela. Le jeune chef lance: « Allez, encore du ‘fait maison’, un peu plus d’afrobeat! » Ca y est, les délicieux sortilèges de l’afrobeat sont bel et bien jetés.



Fela Ransome Kuti, chez Knitting Factory Records/PIAS, http://www.knittingfactoryrecords.com: LP "I Go Shout Plenty!!! / Frustration" en édition limitée; triple CD “Fela And His Koola Lobitos”.

Fara C., L'Humanité, Vendredi, 10 Juin, 2016

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