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mercredi 16 décembre 2015

Manu Lanvin en première partie de Johnny Hallyday: «C’est un artiste bluffant et la générosité incarnée» (Courrier Picard)


Le fils de Gérard Lanvin, excellent bluesman, sera en première partie de Johnny Hallyday, ce soir, mardi 15, et demain mercredi 16 décembre au Zénith d’Amiens. Il reste des places pour le mercredi soir. Interview.

Grâce à ses parents, il a écouté et côtoyé, très jeune, Trust, Paul Personne et Téléphone. Il ne s’en est pas remis. Manu Lanvin est devenu artiste, guitariste et chanteur au talent à la fois puissant et sensible. Il joue aujourd’hui dans la cour des grands. Pour notre plus grand plaisir.



Vous vous produisez en première partie de Johnny Hallyday. Que représente-t-il pour vous ?


J’avais déjà ouvert pour lui en 2000 à l’Olympia mais on s’est vraiment rencontré à Saint-Barth au cours d’un festival. Il a adoré mon trio. En été 2014, il m’a proposé de faire la première partie de ses concerts de la présente tournée. Cette année, on aura fait 18 dates. Johnny, ça va au-delà de la musique… C’est un patron. Il donne un coup de main aux jeunes artistes. Il a une parole et la tient. Il dit et il fait. Je suis sensible à ça. C’est un artiste bluffant ! Il détient une vraie puissance vocale et une vraie générosité. C’est un modèle pour la performance. Aujourd’hui, il incarne à la fois le rock, le blues, le rockabilly… un peu comme le feraient les Stray Cats. Ce sont toutes ces musiques qu’il aime profondément.

Quelle formule d’orchestre avez-vous choisie ?

Je vais jouer en trio, de manière assez minimaliste. C’est un peu une référence à Jimi Hendrix, à Jeff Beck, etc. Mes musiciens seront la contrebassiste Antonella Mazza et le batteur Jimi Montout. Et je serai à la guitare et au chant. Nous avons déjà réalisé quelque 130 dates avec ce trio. En matière de répertoire, on ne prépare jamais le même ; il nous arrive de présenter des variantes. En une demi-heure, nous sommes capables d’évoluer vers d’autres choses avec une très grande souplesse. Cela, je dois le tenir de mes grandes influences : le guitariste américain Calvin Russell (c’est lui qui m’a inspiré) et Stevie Ray Vaughan. Leurs musiques détiennent des pulsations rythmiques que les Français comprennent très vite et qui sont très importantes. je veux que le public tape du pied et se lève. Le blues et le rock’n’roll sont faits pour ça.

Que représente le blues au plus profond de vous-même ?


Vous vous demandez comment un Blanc européen, français, peut-il bien s’intéresser au blues ?… J’ai beaucoup écouté Paul Personne et Bernie Bonvoisin, tous les guitar heroes des années 70. Tous se sont énormément inspirés du blues du Delta. C’est comme ça que je suis tombé dans cette musique. C’est aussi la somme de beaucoup de défaites et d’échecs qui m’ont fait venir au blues. Les échecs m’ont amené au genre de voix que j’ai aujourd’hui. A 20 ans, on a fait trop peu de choses ; à la quarantaine, on a pris quelques gamelles.

Comment travaillez-vous les textes de vos chansons ?

Souvent, je les travaille seul, ou en compagnie d’Ezra Brass, un auteur et artiste, pour l’écriture en anglais. On s’inspire beaucoup des clins d’œil du langage américain.

Votre père, Gérard Lanvin, s’intéresse-t-il de près à votre carrière ?

Oui, mes parents s’intéressent à mon travail. Ils viennent souvent à mes concerts. Ma mère est elle-même chanteuse ; mon père est comédien. Ce sont des artistes ; mes concerts, ça leur parle. J’ai baigné dans un environnement artistique. Oui, dès qu’ils en ont l’occasion, ils viennent à mes concerts.

Parlez-vous de votre rencontre et de votre travail avec le regretté Calvin Russell.

J’étais fan de lui. Paul Personne nous a présentés à La Cigale à Paris. On s’est bien entendus tout de suite et nous nous sommes beaucoup revus. Dès qu’il avait une pause, on écoutait de la musique. Puis les choses ont évolué ; nous avons rencontré les mêmes problèmes avec les maisons de disques. Il voulait tout arrêter, tout plaquer. Je lui ai dit que les Français l’aimaient. J’ai pu le convaincre de ne pas arrêter sa carrière. Nous avons enregistré dans mon studio, la Chocolaterie. Et je me suis mis en mode écriture car il était en panne d’inspiration. Je lui avais écrit une chanson, il l’a adorée et m’a demandé de travailler sur tout l’album. Ce fut le disque Dawg Eat Dawg, en 2009. C’était la première fois qu’il collaborait avec quelqu’un et, de plus, avec un Français. Ça nous a remis en selle et on a fait des scènes ensemble. Et il m’a conseillé de continuer l’histoire de notre rencontre peu avant sa mort.

Quels sont vos projets ?

Je vais continuer mon aventure sur scène. Je ne veux pas faire de cinéma. Je ne peux pas vivre sans jouer de guitare. Mon prochain album sera pour 2016. Anecdote : ma mère m’a dit de me mettre au reggae de façon à ce que mes chansons soient plus gaies (Rires.) Elle plaisantait bien sûr.


Propos recueillis par Philippe Lacoche, Le Courrier Picard, le 14/12/2015


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