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vendredi 18 décembre 2015

Cabrel, le temps a passé (La Provence)





Après sept ans d'absence, le chanteur discret est de retour sur scène

Au printemps dernier, Francis Cabrel recevait la presse dans un luxueux hôtel parisien pour présenter son dernier album In Extremis. Au cours d'un déjeuner, l'artiste au regard bleu et à l'accent du sud-ouest, se révélait, à la fois pudique et drôle. Sa tournée passe ce soir et lundi à Marseille. 


L'occasion de revenir sur cet échange, rare.














Le fil conducteur de ce disque, c'est le temps qui passe. Avez- vous peur de vieillir ?
Francis Cabrel : Ce qui m'effraie le plus, c'est de perdre mes cheveux et mes facultés (rires). Ce qui me dérangerait le plus, c'est de ne plus parvenir à écrire ou de ne pas avoir la lucidité d'arrêter. En tant qu'homme, la vieillesse, la mort, ça ne m'obsède pas. C'est quelque chose qu'il faut intégrer tout de suite. Cela fait partie du jeu. Le temps qui passe, c'est plus par rapport au temps qu'il me reste, à ce que j'ai dit ou pas dit.

Vous avez 60 ans, 40 ans de carrière. Etes-vous du genre à regarder dans le rétroviseur ?
F.C. : Je ne suis pas du genre à faire des bilans, je n'écoute pas mes disques passés. Je suis plutôt porté vers mes prochaines chansons.

Quel regard portez-vous néanmoins sur votre carrière ?
F.C. :
En 2017, cela fera 40 ans que mon premier disque est sorti. Ce n'est pas rien. Je suis content d'avoir cette relation assez naturelle avec les gens, basée sur de longues absences que tout le monde a l'air de me pardonner. Je ne dis pas que j'en profite, mais je mets ça au profit d'un retour que je veux appliqué.

Y-a-t-il une chanson qui vous correspond le plus ?
F.C. :
Octobre. J'avais réussi à emprisonner mon petit monde automnal. S'il fallait être content une fois de soi, ce serait pour cette chanson. On y retrouve mon côté romantique, des couleurs de saison. Je la chante à chaque fois.

 Dans "Dur comme fer", on vous sent désenchanté par rapport à la politique. Est-ce que vous y croyez encore ?
F.C. :
Cette chanson est le résumé de plusieurs personnages réunis en un avec des défauts cumulés. C'était pour grossir le trait. Mais oui, je crois encore à la politique.

Pourquoi avoir été conseiller municipal ?
F.C. :
J'ai été conseiller municipal dès 1989 et pendant 12 ans. Ma théorie c'est que deux mandats ça suffit, et ça devrait être pour tout le monde pareil. L'idée d'être à vie dans la politique, ce n'est pas pour moi. J'ai fait cela pour me rendre utile vis-à-vis des affaires quotidiennes dans mon village.

Vous vous dites plus papa que chanteur. Comment vivez-vous votre vie d'artiste ?
F.C. :
La notoriété, il faut s'y accoutumer et je n'y suis pas toujours correctement arrivé. C'est pour cela que redevenir de temps en temps papa ou conseiller municipal, quelqu'un d'ordinaire dans un village, c'est quand même super important pour mon équilibre. Par rapport au côté médiatique, j'aimerais en faire le moins possible, du moins de ce que je peux contrôler.

Comment se déroule une journée de Francis Cabrel ?
F.C. :
Je joue tous les jours de la guitare et du piano. Et je n'écris que le matin. Je suis un lève très tôt. Je me suis surpris à être à 5h du matin devant mon cahier ou ma guitare, avec vue sur la campagne. Quand c'est urgent, cela devient très urgent chez moi. Je travaille beaucoup le matin, et pas du tout l'après-midi. C'est du mi-temps (rires).

Et la vigne ?
F.C. :
La vigne, cela vient de moi mais je n'y travaille pas. C'est mon frère qui s'en occupe. Moi je le regarde depuis ma fenêtre, c'est déjà ça (rires).

Vous avez chanté l'an dernier dans des universités et lycées américains. Pourquoi avoir accepté, vous qui êtes plutôt réticent à tourner à l'étranger ?
F.C. :
Quand je ne suis pas obligé, je ne voyage jamais. Là le prétexte était d'aller chanter dans un endroit où je n'étais jamais allé. Et puis, je n'ai pas trouvé de raison d'y échapper. Ça m'a plu. J'étais tout seul. L'idée, c'était aussi de me faire peur, sortir de mon confort. Et l'idée de me faire peur, ça a bien marché ! Du coup, je le ferai peut-être en France.

N'aimez-vous pas la vie de tournée ?
F.C. :
Les deux heures où je chante, ça m'éblouit. Ce qu'il y a avant et après, ça m'ennuie.

Lire aussi:

 

 Francis Cabrel: Je l'aime à mourir

Francis Cabrel:dur comme fer

 

2 commentaires:

  1. ah un super concert lundi je peux le dire j'y etais lol

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  2. ah ben comment dire..... Je suis un tantinet jaloux.... Je n'ai pas eu de places ;-)

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