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jeudi 13 août 2015
L’oud envoûtant d’Anouar Brahem (Le Monde)
Le joueur de luth oriental présente « Souvenance », son nouvel album
Il a osé. Malgré les écueils et les doutes. Le joueur d'oud Anouar Brahem a enregistré avec un orchestre à cordes. L’Orchestra della Svizzera italiana, 18 musiciens dirigés par Pietro Mianiti. L’album Souvenance, présenté à Bordeaux par le Tunisien, vendredi 5 juin – première en France, en version orchestrale –, avec son parfait trio (François Couturier, piano ; Klaus Gesing, clarinette basse ; Björn Meyer, basse), mérite tous les superlatifs.
Irradiante de sensibilité et de poésie, onirique et sensuelle, la proposition de ce maestro du luth oriental épris de jazz rassure, quand on a vu tellement de solistes rêver de cordes pour finalment s’y empêtrer. Dans sa première expérience d’écriture pour cordes, il s’est fait assister par le compositeur autrichien Johannes Berauer, qui a cosigné les orchestrations. « Le piège était de tomber dans le cliché orientaliste, d’alourdir la proposition musicale », explique-t-il. On asi souvent vul’oud étouffer sous les cordes d’orchestres pléthoriques. Les cordes l’ont fâché à un moment, ou du moins la manière dont on les utilisait dans la musique arabe. Souvenance le réconcilie avec elles.
Comme un écho de couleurs
Pour conjurer la crainte de voir la masse orchestrale écraser la fragilité des solistes, « plutôt que de lui faire jouer la mélodie, l’orchestre apparaît finalement comme le cinquième instrument d’un quintet ».
Utilisé d’une manière discrète, comme un écho de couleurs, il ne gomme rien de l’évanescence, de la transparence voulue par le compositeur. Autre écueil contre lequel Brahem aurait pu buter : la transposition à la scène. Tourner avec un orchestre à cordes de vingt musiciens n’est pas simple en ces temps d’austérité. « Je ne voulais pas concevoir un projet mort-né.
Les disques doivent vivre sur scène, évoluer avec les musiciens. » D’où l’idée raisonnable de travailler avec des orchestres locaux « de qualité ». Après Bordeaux, Brahem présentera Souvenance à Paris (Festival d’Ile-de-France) le 12 septembre, au Trianon, avec l’Orchestre national d’Ile-de-France.
Patrick Labesse, Le Monde du 5 juin 2015
Anouar Brahem, le 5 juin, à Bordeaux (Auditorium, 20 h), en quartet avec l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine ; le 10 juin à Guéret et le 21 juillet à Lyon, aux Nuits de Fourvière, en quartet. Souvenance 2 CD ECM/Universal
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