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lundi 30 mars 2015
Marshall Allen rallume le Sun Ra Arkestra (Libération)
A Banlieues bleues, l’Américain célèbre le centenaire de la naissance du jazzman cosmique.
Vingt-deux ans après la mort de Sun Ra, la flamme de son Arkestra brûle toujours grâce au fidèle Marshall Allen. Pilier de cette formation connue pour ses costumes bariolés et son décorum afro-futuriste, ce multi-instrumentiste - il joue notamment du saxophone alto, de la flûte et du hautbois - en a longtemps dirigé la section de cuivres.
Quand il rencontre pour la première fois Herman Poole Blount, plus connu sous le nom de Sun Ra, à Chicago en 1956, Marshall Allen a déjà une solide expérience. Engagé en 1942 dans l’armée américaine à la suite de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, il joue dans différents orchestres militaires. Démobilisé à la fin de la guerre, il est à Munich puis à Paris, alors en pleine fièvre bop. Une photo datant de 1950 le montre parmi le public du club Saint-Germain en train d’assister à un concert de Charlie Parker.
A Paris, Allen se forme auprès de James Moody ou de Don Byas, avec lesquels il joue régulièrement tout en suivant des cours au Conservatoire. Un soir, il accompagne même Duke Ellington, débarqué inopinément dans un club. Mais c’est évidemment au sein de l’Arkestra qu’il développera son style le plus personnel, encouragé par Sun Ra à se dépasser en oubliant la technique - de ses musiciens, Sun Ra n’exigeait pas moins que l’impossible. Sans se référer explicitement au taoïsme, il privilégiait le «non-savoir» - ce qui n’était évidemment envisageable qu’avec des instrumentistes aguerris.
A 90 ans, Marshall Allen poursuit l’aventure tout d’abord en relançant l’Arkestra à l’occasion du centenaire de la naissance de Sun Ra, le 22 mai 1914. Mais aussi en publiant In the Orbit of Ra (Strut), compilation comprenant plusieurs inédits constituant une introduction idéale à la musique de l’Arkestra. L’intérêt croissant pour cette musique de la part des nouvelles générations est confirmé par le fait que des artistes aussi différents que Carl Craig ou le trio Medeski Martin Wood ont invité Marshall Allen à participer à des projets à leurs côtés.
Les membres du Sun Ra Centennial Arkestra n’arboreront sans doute pas des petits chapeaux surmontés d’hélices et d’ampoules clignotantes, comme cela a pu leur arriver par le passé, mais ce n’en est pas moins un orchestre paré et en ordre de marche que le public découvrira ce vendredi en ouverture de la 32e édition du festival Banlieues bleues.
The Sun Ra Centennial Arkestra, dir. Marshall Allen (1re partie : Charles Tolliver & The Strata-East All Star). Espace 1789, 2-4, rue Alexandre-Bachelet, Saint-Ouen (93). Ce vendredi à 20 h 30 dans le cadre du festival Banlieues bleues, du 20 mars au 17 avril. Rens. : www.banlieuesbleues.org
Hugues LE TANNEUR Libération du 19 mars 2015
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