Un public nombreux, habillé de noir de la tête aux pieds, majoritairement quadra et quinqua
La guerre des fans n'est décidément pas enterrée. Vendredi soir, à la sortie du concert de Peter Hook à l'Espace Julien, il y avait ceux qui ont préféré les morceaux de New Order avec leurs lignes froides, claires et dansantes, et ceux qui ne cessent de regretter la mort précoce de Joy Division aux titres furieusement tourmentés. A entendre ces deux petits groupes commenter le concert qui vient alors de se produire, on se dit que Peter Hook a bien réussi son coup : faire sortir des ténèbres deux formations majeures du rock anglais.
Il fait très chaud ce soir-là dans la salle. Le public nombreux, habillé de noir de la tête aux pieds, majoritairement quadra et quinqua, s'agglutine devant celui qui fut le bassiste de Joy Division et de New Order. L'homme a pris du poids par rapport à ses 20 ans. Mais il a fière allure et un certain sens de l'humour. Sur son t-shirt, on peut lire : "Ask me about my zombie disguise". Malin, il enfourche sa basse et s'amuse à faire danser les morts.
Pendant plus de deux heures, Peter Hook, avec son fils à sa droite, également bassiste et membre de son nouveau groupe The Light, s'est en effet attelé, avec brio, à ressusciter cette musique des ténèbres qui a marqué au fer rouge le début des années 80. Il faut être en effet mauvais joueur ou songer qu'on allait vraiment voir Joy Division pour ne pas se laisser emporter par ces titres qui surgissent devant nous comme des fantômes.
Bien sûr, Peter Hook n'est pas Ian Curtis, n'a pas son charisme et ne danse pas comme le faisait cet ange noir trop vite disparu. Lui est plutôt statique... et accablé par la chaleur. "Fuckin'a", lance-t-il à plusieurs reprises en souriant et s'essuyant le front. Sa voix n'est pas toujours juste, non plus, mais jamais au point de gâcher le plaisir (il ne chante que depuis trois ans). Malgré tout, la magie noire opère.
Il faut dire que Peter Hook offre une lecture fidèle, énergique et bien rock de ses morceaux de jeunesse. La basse ne fait pas un pli. Et avec lui, le temps ne semble pas avoir d'emprise sur les Transmission, Ceremony, She's Lost Control, Everything's Gone Green, Digital... et autres Blue Monday. La conclusion sur Love Will Tear Us Apart ferait presque oublier qu'on est en 2014. Peter Hook finit torse nu les bras en croix, après avoir lancé son t- shirt dans la foule qui l'acclame.
Annabelle Kempff (La Provence du 11 mai 2014)
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