Johnny Winter, c'est le guitariste qui a su me faire aimer le blues et le rock'n'roll quand j'étais ado. Lors d'une émission de télévision trois ou quatre morceaux interprétés de façon magistrale avaient su m'enflammer. Parmi ceux ci il y avait le « Mississippi blues » de Robert Johnson dont la partie de guitare lancinante et vénéneuse s'était insinuée au plus profond de mon esprit et l'avait fait vibrerd'une façon qui m'était inconnue alors. Et « Jumpin ' jack flash » des Rolling Stones Morceau de pur rock'n' roll auquel il a su donner une puissance phénoménale.
En 2002, enfin, j'ai eu l'occasion de le voir sur scène à Château Arnoux . Pour l'occasion je faisais coup double. Un autre grand musicien texan, Calvin Russell, assurait la première partie. Et là, quelle ne fut pas ma déception ? A la place du flamboyant jeune homme resté dans mes souvenirs d'émission télévisée j'avais découvert un vieillard tremblant et incapable de se tenir debout sur scène. Le grand virtuose du blues avait du mal à aligner ses gammes et son groupe ne l'aidait pas spécialement. Il n'avait que cinquante huit ans à l'époque et en paraissait je ne sais combien de plus. Mais son aura était intacte, malgré tout il m'avait fasciné.
Quand j'ai su qu'il passait à l'Usine à Istres, je n'ai pas hésité une seconde pour sauter sur les places. Mais, au fur et à mesure que la date approchait l'inquiétude s'insinuait en moi. Dans quel état pouvait être le blues-man douze an après ? Je me suis rassuré en lisant divers articles de presse qui assuraient qu'il avait stoppé ses excès de boisson et de drogue mais quand même.
The host |
Ce soir, à peine rentré dans la salle, je n'ai pas le temps de réfléchir à tout ceci que les lumières s'éteignent et que le groupe The H.O.S.T apparaît sur scène
C'est un power trio qui pratique un rock garage à la fois puissant et mélodique. Toutes les chansons sont en anglais. Au fur et à mesure que les morceaux se succèdent, le public adhère et les applaudissement, mérités, se font plus généreux. Le groupe a trois albums à son actif et un en préparation A suivre..
Enfin le moment tant attendu arrive. Trois musiciens entrent en scène et jouent un rock 'n' roll puissant. Si précédemment The H.O.S.T m'avait séduit l'écart de niveau est patent. Le Johnny Winter Group ne joue pas dans la même catégorie.
On sent que les musiciens se connaissent bien. Ils se complètent à merveille. La salle est sous le charme. Scott Spray accompagne Johnny Winter depuis l'album "I'm a bluesman" sorti en 2004. Paul Nelson est son guitariste depuis 2004 et manager depuis 2010. Si tommy Curiale est entré plus récemment dans le groupe, il a un CV fort intéressant aussi. Il a accompagné Pat Travers et Rick Derringers pedant longtemps. Aucun d'entre eux n'est un oisillon tombé du nid musical
Et puis le blues man fait son entrée en scène. Il ne semble guère mieux qu'il y a douze ans. Les roadies l'aident à s'assoir, il teste le micro et empoigne sa guitare. La magie envahit la salle. Le concert s'ouvre sur Johnny B good et les classiques du rock'n'roll s'enchainent. Tous les grands tubes auxquels il a rajouté sa pâte de virtuose reprennent vie. Même si sur les premiers morceaux certaines notent « sautent » si ses lolos ont besoin d'être épaulés par ses musiciens., la légende vit toujours.
D'ailleurs on peut remercier son groupe pour le travail fourni. Au delà du talent de Johnny Winter ils donnent une aura particulière à cette soirée.
Que ce soit Scott Spray, le bassiste avec ses gammes qui enrichissent la rythmique,Tommy Curiale, à la batterie, qui se démène cogne, et fait bien plus qu'assurer le tempo ou le guitariste Paul Nelson qui fait mieux qu'assurer la rythmique. Ses solos sont au niveau pour soutenir le maitre quand c'est nécessaire.
On aurait aimé que le temps reste suspendu à la magie des notes mais tout ayant une fin, après un rappel et trois morceaux, les lumières se rallument. Il était temps de rentrer. C'est probablement la dernière fois que je verrai l'albinos magique. Mais il ne fallait pas passer à côté de ces instants musicaux.
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