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jeudi 10 avril 2014

Le « Love Supreme », de John Coltrane, revit en grand (Le Monde)


Le 9 décembre 1964, le saxophoniste John Coltrane, le pianiste McCoy Tyner, le contrebassiste Jimmy Garrison et le batteur Elvin Jones arrivent au studio d’enregistrement de Rudy Van Gelder, à Englewood Cliffs (New Jersey), près de New York. Durant la nuit, ils enregistrent les quatre mouvements d’une suite intitulée A Love Supreme. La composition se veut une « humble offrande » à Dieu, selon les termes de Coltrane dans le texte de pochette de l’album, publié en février 1965.

John Coltrane



Le succès public et critique est immense. A Love Supreme devient un classique de l’histoire du jazz, influence régulièrement évoquée dont le motif mélodique et le chant du premier mouvement, Acknowledgement, en particulier, sont cités à l’envi par les musiciens les plus divers. Une musique débordante d’évidences mélodiques, d’un envoûtement immédiat, étape fondamentale de la quête musicale et spirituelle de Coltrane, jusqu’à sa mort, le 17 juillet 1967. Elle sera jouée une seule fois en concert par le quartette, au Festival de jazz d’Antibes, le 25 juillet 1965.

Ce monument, le big band mené par le flûtiste Christophe Dal Sasso et le saxophoniste Lionel Belmondo en a présenté une version arrangée par Dal Sasso, à trois reprises, à la Cité de la musique, à Paris, du 28 au 30 mars. Avant l’ascension de cet Everest artistique, la grande formation joue trois thèmes. Spiritual et Naima de Coltrane, une composition de Dal Sasso d’après Jupiter, l’un des derniers enregistrements de Coltrane. Naima est probablement la ballade la plus connue de Coltrane – il y est régulièrement revenu. Le big band en rend toute l’émotion, l’envol amoureux.

DANS LA LOGIQUE DU TEXTE ORIGINEL


Les quatre notes pivots à la contrebasse (Sylvain Romano) du début de Love Supreme s’installent.
Vient le phrasé sinueux de la batterie (Dre Pallemaerts), Lionel Belmondo et Julien Alour (trompette) posent le thème, les autres vents s’insèrent… Pas de détournement de la structure de la composition, avec ses parties solistes de passage d’un mouvement à l’autre par la contrebasse et la batterie, la virée swing du deuxième mouvement Resolution, le piano torrentiel (Laurent Fickelson).

Les arrangements sont dans la logique du texte originel, un prolongement raffiné. Ni une copie ni une recréation, mais l’affirmation d’un héritage musical dont la tension merveilleuse agit au présent. A revivre lors de la parution, le 22 avril, de l’enregistrement en studio – tout aussi prenant – de ce Love Supreme par le Dal Sasso/Belmondo Big Band (Jazz & People/Harmonia Mundi).



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