L'opération de circulation alternée menée dès lundi à Paris et dans sa périphérie n'a pas fait que des heureux. Surtout pas les motocyclistes et les scootéristes dont les moyens de transport sont pourtant les plus pratiques, les moins polluants et les plus civiques qui soient pour se déplacer dans les zones urbaines. On le voit quotidiennement edans les villes de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour la FFMC (Fédération française des motards en colère), trop c'est trop et Eric Thiollier, le Délégué général de l'association, qui avait prévenu, monte au créneau.
"Le gouvernement, constate la FFMC, a tellement brassé l’air de l’Île-de-France pollué que les vilaines particules ont fini par diminuer au point de pouvoir suspendre la punition alternée. Dans sa grande sagacité et au terme d’une semaine calamiteuse, le gouvernement a eu la sagesse d’imposer des restrictions de circulation 24 heures avant qu’un changement météo ne vienne purifier l’atmosphère de Paris et de sa petite couronne.
"Les restrictions de circulation n’auront donc embêté qu’une journée les salariés qui n’ont pas eu l’embarras du choix mais juste le choix de l’embarras. Mais attention, dès que le nuage toxique repasse la frontière, le gouvernement remettra ça, c’est promis !
"Les villes qui n’ont pas eu le temps d’expérimenter la machine à laver le ciel, les poumons et les cerveaux réclament déjà leur circulation alternée."
"Une mesure inadaptée et injuste"
Et le Délégué général d'ajouter avec humour : "Ce répit permettra peut-être à nos décideurs en mobilité de se rendre compte qu’il n’y a pas de deux-roues motorisés fonctionnant au gasoil et qu’une moto occupée par deux personnes présente un taux d’occupation de 100%, soit plus qu’une voiture cinq places avec trois personnes à bord. Pour toute information complémentaire concernant les avantages à faire circuler des deux-roues motorisés en ville plutôt que des autos, la FFMC se tient à la disposition des experts purificateurs d’atmosphère."
Un retour de kick qui était attendu, d'autant que la FFMC avait prévenu, dès dimanche. "Dans la panique et l'urgence, le gouvernement décide d'entraver la mobilité des salariés : la FFMC dénonce une mesure prise dans la précipitation, inadaptée et injuste. Elle appelle les usagers de deux-roues motorisés à agir en conscience en faisant preuve du bon sens que les politiques au pouvoir ont complètement perdu."
Pas de scooter ou de moto à moteur diesel...
La FFMC rappelle : "Le seul précédent s'était produit il y a 17 ans, en octobre 1997. Judicieusement, la ministre de l'Environnement de l'époque, Dominique Voynet, avait exempté les deux-roues motorisés de cette mesure restrictive. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais sans doute MM. Ayrault et Martin ignorent-ils qu'il n'y a pas de motos diesel et que les vieux cyclomoteurs à moteur deux-temps de leur jeunesse ont quasiment disparu du parc roulant actuel.
"Interdire les deux-roues motorisés en cas de pic de pollution est stupide : ils participent à la fluidité du trafic et leurs utilisateurs mettent deux à trois fois moins de temps à se déplacer qu'en voiture ou en transports en commun, lesquels sont déjà saturés depuis les grandes lignes de banlieue. Nos voisins européens souvent plus sévères en matière de pollution ont d'ailleurs eu la sagesse de laisser circuler les motos dans les zones à accès restreint LEZ (Low emission zone)."
"Les Motards en colère appellent à la résistance"
Enfin, la Fédération française des motards en colère questionne : "Tant qu'à décréter, en pleine panique, des mesures élaborées dans la précipitation, va-t-on aussi vers une alternance du chauffage urbain, un jour sur deux selon le numéro de la rue ? Va -ton demander aux compagnies aériennes de faire voler leurs avions en circulation alternée ? Le premier ministre Jean-Marc Ayrault en appelle au civisme et à la responsabilité citoyenne... Les Motards en colère défendent déjà un mode de transport peu polluant et le mieux adapté aux trajets inter-urbain. Quant à la circulation alternée, les Motards en colère en appellent à la résistance. Vu que les autos en co-voiturage oeuvent circuler, la FFMC conseille aux motards de pratiquer le co-motorage en proposant aux tricards du macadam de partager, par solidarité et geste citoyen, la selle de leur destrier."
En attendant le prochain coup de génie tricolore en matière de circulation routière, il y a tout de même une question à se poser : à l'heure où les forces de l'ordre, Police nationale et Gendarmerie, ne cessent de diminuer et de subir des sous-effectifs, par quel miracle la Préfecture de police de Paris a-t-elle réussi le tour de magie de dégager entre 700 et 850 fonctionnaires verbalisateurs des vilains conducteurs pollueurs ? Et est-ce à celà qu'on les forme ? Par ailleurs, étant donné qu'à Marseille on a la "Police des poubelles", elle pourrait peut-être assurer la sécurité et la Police nationale pourrait alors nettoyer la ville... Un raisonnement par l'absurde, certes, mais nous vivons dans une période où l'absurdité est devenue un carburant. Polluant ou pas ? L'avenir nous le dira !
Charles-Bernard ADREANI cbadreani@laprovence-presse.fr
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