Les apparitions du guitariste espagnol sur les scènes françaises sont rares. Il se produit mardi soir au Zénith.
Crédits photo : STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
Dans un entretien au Figaro, Paco de Lucia revient sur son parcours atypique d'homme et d'artiste. Il en profite pour décrire la place actuelle du flamenco dans le monde musical et exposer ses projets.
LE FIGARO. - Quel regard portez-vous sur votre riche carrière?
Paco DE LUCIA. - Quand j'ai commencé à jouer de la guitare, je ne pensais évidemment pas faire carrière. J'ai grandi à Algésiras (une ville espagnole située dans la province de Cadix, NDLR) dans une famille très pauvre. Au départ, je me suis lancé dans cet art pour aider mes proches à survivre. Les premières années ont été vraiment dures. Je dois même avouer que je ne ressentais pas beaucoup de plaisir à jouer à ce moment-là. C'était comme une sorte de travail. Plus tard, j'ai découvert véritablement le bonheur de faire de la musique. Désormais, je me sens privilégié d'avoir rencontré de grands artistes cosmopolites et d'avoir collaboré avec eux. Durant ma jeunesse, le flamenco ne passait même pas à la radio. Je suis heureux aujourd'hui que ma musique soit autant respectée dans le monde.
Quelle est justement la place du flamenco sur la scène artistique des années 2010, et que lui avez-vous apporté?
À l'époque où j'ai grandi, le flamenco traditionnel était sur le point de finir dans le «musée de l'histoire musicale». Je me réjouis que ce genre soit plébiscité aujourd'hui. Il était nécessaire de l'amener dans le monde moderne en utilisant de nouveaux instruments, de nouvelles harmonies et de l'improvisation. Il était tout aussi capital de ne pas oublier ses racines. Je me suis toujours senti - et je demeurerai toujours - un guitariste issu de cette culture. On observe bien son influence. Même dans la pop, en particulier en Espagne, on entend des phrases de flamenco. Cela démontre combien il est apprécié, y compris dans d'autres registres.
Quelles rencontres vous ont spécialement marqué durant ces années passées?
Cameron de la Isla a sûrement été l'un des musiciens les plus importants avec lesquels j'ai joué. Jeune homme, j'ai vécu les meilleurs moments de ma vie professionnelle à ses côtés. Il m'a beaucoup appris. Par la suite, mon travail avec John McLaughlin, Al Di Meola et Chick Corea a également été une expérience musicale très intense.
Quels sont vos projets?
Nous enchaînons les concerts depuis février dernier et nous nous sentons parfois épuisés. Pourtant, je dois préparer un nouveau CD et je songe à sortir un album live sur les enregistrements de cette nouvelle tournée.
Que représente pour vous Paris?
J'aime vraiment beaucoup la ville, en particulier le Quartier latin, parce que l'un de mes amis, Tony, y tient un magnifique restaurant. Quand on se trouve en tournée, on ne voit habituellement pas grand-chose des lieux où nous nous produisons, mis à part les hôtels ou les salles de concert… Mais ma femme a fait ses études à Paris et elle m'a ouvert les yeux sur différents endroits. J'ai passé beaucoup de belles journées à me balader. Je considère cette ville comme un musée vivant.
Pierre De Boishue Le Figaro du 15 novembre 2010
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