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jeudi 3 juin 2010

Dennis Hopper : la révolte 
en action et la fureur de vivre

Le comédien et metteur en scène américain Dennis Hopper s’est éteint samedi, fin d’une carrière tumultueuse.


Dennis Hopper est mort, samedi matin, à Venice, Californie, d’un cancer de la prostate. On savait ses jours comptés depuis l’annonce officielle de sa maladie, en octobre, et sa dernière apparition publique, ne pesant plus que quarante-cinq kilos, lors de la pose de son étoile sur Hollywood Boulevard, le 26 mars dernier.

Rebelle jusqu’à la mort

Né le 17 mai 1936 à Dodge City, Kansas, Dennis Hopper croit très tôt que seulement la peinture, la photographie, la mise en scène et l’interprétation comptent dans la vie. Bon peintre, il sera un des plus grands collectionneurs américains d’art moderne, achètera l’étonnante maison, chef-d’œuvre architectural radical, où il est mort, verra ses photos exposées dans divers musées américains et japonais. Pour le reste, il va devenir, à l’écran comme dans la vie, un de ces « rebelles sans cause » (titre original de la Fureur de vivre) comme les États-Unis les virent fleurir du jour où être jeune devint une valeur intrinsèque. Premiers rôles au cinéma, après des séries télé, dans Johnny Guitare (Ray), la Fureur de vivre (Ray), Géant (Stevens), deux films où il devient l’ami de James Dean, Coups de feu à OK Corral (Sturges). On en restera là pour le moment, tant son caractère de chien et sa tête de mule le relèguent vite au petit écran pour la plupart de ses deux cents compositions.


En action dans le film Easy Rider

Mais, pour tout un chacun, le film qu’il incarne et qui l’incarne le plus c’est Easy Rider, en 1969. Écrit par lui et deux autres enfants terribles d’Hollywood, Peter Fonda et Terry Southern, premier des huit films qu’il met en scène, joué par lui, Fonda et Jack Nicholson, ce road-movie avec gros cubes capte l’air enfumé du temps et devient, du jour au lendemain, l’étendard de la contre-culture hippie. Réalisé avec quatre cent mille dollars, il en rapporte cent fois plus, valant de surcroît à Hopper une nomination à l’oscar et un prix de la première œuvre à Cannes, de quoi affoler les studios qui, sentant le coup de vieux les atteindre, vont s’empresser d’en produire des dérivés. Un boulevard s’ouvre alors devant Dennis Hopper. Mais, ayant sans doute trop incarné la révolte et la marge (jusqu’à se proclamer de droite dans un milieu massivement à gauche – il ne retournera sa veste qu’en votant Obama), il préfère à l’establishment les paradis artificiels en tout genre, pratiqués à doses incommensurables. Ses films s’en ressentent, même si Out of the Blue, en 1980, lui vaut les honneurs de la compétition cannoise.

indépendance et gloire

Pourtant, les réalisateurs cinéphiles ne l’oublient pas, profitant de sa belle gueule pour le faire tourner dans des rôles où sa personnalité propre est en filigrane, au-delà du personnage interprété. Cela d’autant plus qu’il a renoncé aux démons. C’est ainsi qu’on le voit dans Apocalypse Now et Rumble Fish, de Francis Ford Coppola, l’Ami américain, de Wim Wenders, Basquiat, de Julian Schnabel, ou Blue Velvet, de David Lynch. Il a été victime de son indépendance, mais celle-ci aura aussi été sa gloire. Autant dire que, dans un cinéma américain de plus en plus aseptisé, Dennis Hopper nous manque déjà beaucoup.


Peinture par Liz douce folie format A5 ( http://lizdoucefolie.blogspot.com/ )

Dennis Hopper dans le texte

« Comme tous les artistes, 
je veux provoquer un petit peu la mort et contribuer à quelque chose pour les prochaines générations.J’aurais 
dû mourir dix fois. J’y ai beaucoup réfléchi. Je crois 
aux miracles. C’est un miracle total que je sois encore là.
Il y a des moments où j’ai été vraiment brillant, vous savez. Mais je crois que cela n’a été que des moments. 
Et parfois, dans une carrière, des moments suffisent. 
Je n’ai jamais ressenti 
que je tenais le grand rôle. 
Je n’ai jamais ressenti 
que je réalisais un grand film. Et je ne peux pas dire que ce soit de la faute de quelqu’un, sauf de la mienne. »


Jean Roy dans L'Humanité du 31 mai 2010

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Note du blogger

L'un des articles les plus interessants sur cet artiste aux multiples facettes

1 commentaire:

  1. Easy rider: film culte!!! Nicholson déjà exceptionnel!
    merci pour le lien vers lizdouce....qui m'a permis de connaitre Apocalyptica (et leur version de Nothing else matters :tellement différente mais superbe)
    chaque jour apporte qq chose .

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