Voix du Gaou. Le trio texan a trimbalé la Wells and Fargo de son blues rock devant 7000 spectateurs.
Il est déjà minuit passé quand retentissent dans l’air marin les riffs du Foxy Lady du voodoo child Jimi Hendrix et d’un fort curieux Jail House Rock du King Elvis, histoire de faire bon poids et bonne mesure lors d’un ultime rappel du ZZ un peu radin. Rassurez-vous, personne ne finira en prison et la dame renarde a dû regagner son terrier depuis longtemps. Le concert est terminé et à la buvette comme dans les sous-bois de la presqu’île, chacun, manu militari, sera invité par le service d’ordre à dégager au plus vite. Ca se passe comme ça chez Mac Gaou : la dernière bière entre copains se boit comme on vide son bidon sur le Tour de France, en pédalant dare-dare.
Mais revenons à la génèse de ce concert qui ne restera dans les annales que de quelques passionnés de vrai blues rock qui, dans vingt ans encore, loueront les beaux restes de leur groupe fétiche.
Dès le début de soirée, le ton est donné : les spectateurs sont priés de déposer leurs casques de moto à la consigne prévue à cet effet. Pas le genre d’info qu’on entendrait n’importe où.
Ca a le mérite de faire bien rigoler la horde de bikers et leurs blondes et plantureuses compagnes tout de cuir et de tee-shirts vétues, souvent à l’effigie de leurs groupes culte, AC/DC, Motorhead et l’on en passe. Lui a même pris sous son bon vieux bras tatoué le drapeau sudiste qu’il agitera bientôt. Une chose est sûre : même si quelques familles de touristes goguenardes sont incrédules, c’est bien ZZ Top qui est de retour.
L’embêtant, c’est la première partie, qui ressemble à une blague à Toto, en la personne d’un certain Steve Lukather, d’ailleurs guitariste de Toto (le groupe), virtuose de la six cordes FM mettant en valeur son babillage digital et sa voix de crapaud sur de vieilles scies plus sûrement destinées à des campeurs obèses qu’à nos preux défenseurs du heavy rock et il en reste ici, venus des quatre coins de la région. « C’est qui ce type ? » nous demande cette bande de copains venue de Saint-Jeannet. Difficile de répondre. Un gars qui passait par là avec sa gratte ?
Tout autre limonade avec l’entrée en scène du trio. Sur scène, un peu à l’image du Rust never sleep du Loner Neil Young, six gros corps d’ampli sont dressés tout autour d’une batterie aux allures de calandre d’américaine. Devant eux, deux barbus à faire pâlir Ben Laden et les Taliban et au centre, Franck Beard, le batteur qui ne dort que d’un œil comme un forgeron devant son enclume.
Billy Gibbons, le guitariste-chanteur, envoie la sauce, rageur, toujours en quête du son roots juste et bien méchant. Riffs vintage, souci d’épure tandis que son siamois Dusty Hyll joue du motoculteur sur sa Fender quatre cordes en dansant. Les titres s’enchaînent, imparables. Mais il y a quelque chose de pourri au royaume du Barnum Circus : l’appât du dollar. Cela nous vaut rapidement quelques digressions fort appréciées du quidam américain : passages disco-rock, samples, sons de synthé à faire damner les prorpiétaires des albums d’anthologie que furent Deguelo et Tres Hombres dans les 70’s.
Mais on ne revient pas sur l’amour de toute une vie. Même si la buvette ne propose pas de Budweiser, chacun s’en retournera avec un bon vieux coup de rock’n roll dans les tripes et dans le cœur. ZZ Top, c’est comme Zinedine « ZZ » Zidane au top : que du bonheur.
JEAN-FRANÇOIS SICURAN
article paru dans La Marseillaise le 23 juin 2007
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