"A l'écoute, certaines mélodies passent très très bien, même pour des musiciens", explique à l'AFP Florian Colombo, doctorant à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne et coauteur de l'étude. "Par moments, ça fait même bizarre de se dire que c'est une machine qui est à l'origine de cette musique" ajoute-t-il.
Selon un communiqué de presse, l'algorithme, appelé Deep Artificial Composer (DAC), est capable de produire des partitions de mélodies complètes et inédites, dotées d'un début et d'une fin, et avec des caractéristiques particulières du genre musical choisi.
Une machine nourrie de partitions de musique
Ces dernières années, les avancées scientifiques ainsi que l'augmentation de la puissance des ordinateurs et de la taille des bases de données ont permis l'émergence de l'apprentissage profond ("deep learning" en anglais), des méthodes qui permettent d'entraîner une machine.Artificial intelligence composes original melodies without music theory
Ici, DAC a été "nourri" de partitions de musique folklorique irlandaise et de Klezmer, musique traditionnelle des Juifs d'Europe centrale et orientale, sans recevoir aucune notion de théorie musicale. Suite à cette phase d'apprentissage, Deep Artificial Composer est capable, après une note, de donner la suivante en sa basant sur la probabilité de son existence (calculée par l'algorithme grâce aux données qu'il a reçu).
"Beaucoup seront à 0, la note la plus probable aura la probabilité la plus élevée et les autres notes seront entre les deux", explique le chercheur. "C'est une de celles-ci que va choisir l'algorithme", ajoute-t-il. Un algorithme qui choisirait toujours la note la plus probable composerait toujours la même mélodie et serait sans intérêt.
Pas de menace pour les compositeurs
"DAC ne va pas produire la musique la plus probable mais une infinité de musiques différentes", précise Florian Colombo. Mais un problème reste encore a résoudre : la musique irlandaise se compose de 8 mesures qui se répètent, et ça, DAC n'est pas capable de le faire. "Ca va prendre beaucoup de temps avant qu'un tel algorithme arrive à tromper des experts de musique irlandaise", avoue le chercheur. Mais "la musique est tout a fait agréable à écouter", ajoute-t-il.Selon lui, ces logiciels ne représentent pas une menace pour les compositeurs. "C'est plutôt des outils qui peuvent être utilisés pour stimuler la créativité, aider à la composition", explique le chercheur qui rappelle que Mozart utilisait parfois des dés pour composer.
"Un bon compositeur, avec des idées novatrices, ne sera jamais supplanté par un algorithme. Il met son identité dans ce qu'il génère, et ça, une machine ne peut pas le faire", rappelle Florian Colombo. Les géants de la technologie travaillent également sur des "logiciels musiciens" comme Google Magenta, Flow Machine de Sony, Watson Beat d'IBM.
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