Matthieu Chedid |
Le chanteur a lancé jeudi 1er juin au festival Les Nuits de Fourvière à Lyon la tournée de son spectacle Lamomali en compagnie de musiciens maliens prestigieux dont les maîtres de la kora Toumani et Sidikiti Diabaté.
La musique et son langage universel a ceci de merveilleux qu’elle permet de franchir toutes les frontières. Matthieu Chedid le sait bien, lui dont le dernier album Lamomali (chez Cinq7/Wagram) sorti en avril et déjà disque d’or (50 000 exemplaires), invite à un voyage entre le continent noir et le monde à travers une expérience sonore originale. Un album hommage au Mali où le chanteur s’était rendu pour la première fois il y a 12 ans, pays où il avoue retrouver sa liberté : «ça été comme un choc, un coup de foudre, comme une rencontre» nous confiait-il récemment. Une aventure malienne qui trouve aujourd’hui son prolongement sur scène au festival Les Nuits de Fourvière à Lyon, où -M- a lancé la tournée de Lamomali qui passera par la salle Pleyel à Paris (9-12 juin) et de nombreuses manifestations musicales cet été (Solidays, Francofolies de la Rochelle, Vieilles Charrues, Les Suds à Arles…).
Jeudi 1er juin, pour la première de son spectacle donné dans le grand théâtre romain du site de Fourvière, il était entouré de quinze musiciens et d’invités prestigieux dont les maîtres de la kora Toumani et son fils Sidikiti Diabaté, la chanteuse Fatoumata Diawara ou encore le rappeur Oxmo Puccino. Un concert à l’énergie très festive où –M- et ses musiciens ont su tisser un fil magique entre un Mali fantasmé, rêvé, et le public rapidement embarqué dans un voyage afro-pop où se côtoient instruments traditionnels de l’Afrique de l’Ouest, balafon, kora et ambiances funk, entre guitares électriques, DJ et quatuor à cordes. Un territoire de contraste et «une alchimie entre les mondes» comme les apprécie Matthieu Chédid, qui trouve sa parfaite cohérence dans cet amphithéâtre de 4000 personnes qui dansent et chantent sur «Le bal de Bamako», «Mama Sam», «Machistador» ou «Amssetou» : «C’est sûr que le public pousse, explique Dominique Delorme, directeur des Nuits de Fourvière. Quand on a 4000 places, on a forcément une vocation populaire. D’un seul coup, il y a tous les ingrédients entre une partie musique savante quand Toumani est tout seul avec sa kora, la leçon est sublime et en même temps des mélodies plus larges qui se mélangent à l’afro-funk. Cela colle merveilleusement à ce que le festival aime raconter ».
Sur scène, -M- est aux anges, réjouit de l’effervescence et de la chaleur que lui renvoie le public : « c’est un projet un peu fou lance-t-il. On vit avec vous la première vraie date de Lamomali. Merci d’être là !». Une communion renforcée par les mots de Toumani Diabaté pour qui Lamomali est «un cadeau, une bénédiction pour le Mali lâche-t-il. Le grand Mali qui est le cœur de la culture en Afrique, qui durant 7 siècles a été ce grand empire mandingue dont tous les pays de l’Afrique de l’Ouest faisaient partie». A l’époque, rappelle-t-il les griots étaient la mémoire du pays : «Chaque famille a son griot qui connait l’histoire et nous, dans nos instruments comme la kora, le balafon, les guitares traditionnelles, on joue aussi ce rôle de griot». Le griotisme se transmet de père en fils : « je suis de la 71ème génération des griots et Sidikiti, une pop-star est de la 72ème génération. Nous sommes fiers de participer à ce projet pour la paix, pour la culture et surtout la spiritualité» dit Tamani avant d’iInterpréter Lampedusa «Un hommage qu’on veut rendre à tous ceux qui continuent de mourir dans les océans en tentant de venir ici ». Des paroles qui vont droit au cœur de l’assistance, tout comme la chanson «Timbuktu» interprétée par Fatoumata Diawara. Il y aura aussi «Onde sensuelle», «Sauver l’amour», une reprise de Daniel Balavoine, «La bonne étoile», «Je dis aime» ou encore «Solidarité». Un concert placé sous le signe du partage et de l’harmonie entre les hommes. Une manière aussi pour -M- d’imaginer un autre monde plus fraternel et de rapprocher les gens, qui fait écho aux mots de sa grand-mère la poétesse Andrée Chedid : «Toi, qui que tu sois, je te suis bien plus proche qu’étranger». «On demande aux artistes de s’engager disait Matthieu Chedid dans l’Humanité au moment de la parution de l’album Lamomali. Mais il faut trouver les moyens de le faire. Nous ne sommes pas des politiciens, ni des donneurs de leçon. Je crois qu’une des façons juste de s’engager, c’est effectivement de faire de la musique et des projets comme ceux-là. On n’est pas dans le concept, dans les paroles. On est dans un truc concret de gens, de culture, de métissage culturel, de partage. C’est le travail qu’on fait à l’intérieur de nous qui peut changer les choses».
Victor Hache l'Humanité du 02/06/2017
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