Bernard Lavilliers |
Vous chantez à Cahors ce soir, vous connaissez déjà un peu la ville, le département ?
Je connais le département oui. Vous savez, j'ai fait le tour de France pas mal de fois en tant qu'artiste donc je suis forcément passé par là, mais il y a longtemps que je n'avais pas fait de concert à Cahors.
Vous avez traversé plusieurs décennies en musique. De laquelle vous êtes la plus nostalgique ?
Je ne suis pas un nostalgique. J'ai surtout jamais fait un album qui ressemblait à un autre, j'ai expérimenté pas mal de musique. J'ai commencé par le rock, après j'ai pas mal bossé la musique brésilienne, la bossa-nova, la salsa cubaine, donc Amérique latine en général et au fond pas mal de musique classique. Je suis assez ouvert musicalement, j'écoute plein de choses différentes.
Vous préparez un nouvel album «5 minutes au paradis» qui sortira en septembre, vous pouvez nous en dire un peu plus ?
C'est assez difficile à expliquer. C'est un album que je viens de finir. Le titre «5 minutes au paradis» par exemple c'est un titre assez cynique et ironique sur un marchand d'armes, un salaud. Il se rend compte qu'il va passer 5 minutes au paradis, avant que le diable n'apprenne sa mort et lui dise : «viens voir toi, viens viens !» (rires)
Vous allez jouer avec Dominique Mahut, quelle relation entretenez-vous avec lui ?
C'est un ami de 40 ans, j'ai joué avec lui depuis les années soixante-dix et après il a joué avec Barbara, avec Higelin puis finalement il est revenu avec moi pour des concerts tout à fait exceptionnels parce qu'on en fait peu. On est deux, guitare et percussions et pendant le concert il peint sur une grande toile ce qu'il ressent du public de la musique de la soirée.
Vous faites des chansons d'amour, d'aventures mais aussi politique. À un moment, avez-vous pensé à vous engager politiquement ?
Non, je reste dans mon rôle de poète, critique. Moi l'intérêt que j'ai à écrire, c'est d'ouvrir les yeux au public sur sur certaines choses, après je ne passe pas ma vie à parler de politique non plus.
Quel regard portez-vous sur la jeune génération de chanteurs français ?
Il y en a certains qui ne sont pas trop connus qui ont le goût de l'aventure et aussi effectivement de la politique. Ils peuvent se permettre de chanter des choses qui ne passeraient pas forcément à la radio car ce n'est pas politiquement correct. Il y a Feu Chatterton par exemple, j'ai fait deux titres avec eux et Fishback qui a fait un tube avec l'un de mes titres électro qui s'appelle «Night bird» qu'elle avait appelé «petit monstre».
Vous avez une chanson qui s'intitule «la peur». Elle a une résonance assez forte actuellement dans notre société. Pensez-vous que la peur est la grande maladie du XXIe siècle ?
Dans cette chanson je dis que la peur existe depuis toujours et le chantage du pouvoir. Si on ne règne pas par l'amour ou par l'intelligence, on règne avec la peur sur la population. En ce moment vu les circonstances assez dramatiques du terrorisme et de la terreur, les politiques utilisent souvent la peur comme un moyen de pression sur le public pour leur dire «surtout ne bougez pas, on s'occupe de tout».
Dimanche vous vous produirez sur scène au moment des résultats des législatives. Vous est-il déjà arrivé de jouer un soir d'élections ?
Ouais souvent ! C'est étrange d'ailleurs, mais je vais quand même essayer de commencer un peu plus tard pour que tout le monde puisse voir les résultats. Ils s'engueuleront entre eux dans leurs familles, enfin comme d'habitude. Il y a toujours des vainqueurs et des vaincus dans cette histoire. Puis je ferai peut-être quelques illusions à ça pendant que je chante…
Bernard Lavilliers est sur la scène de Let's Docks ce soir à Cahors. Accompagné de son ami Dominique Mahut, percussionniste, les deux hommes joueront une création inédite.
Propos recueillis par Rémi Simonet, La dépèche du 11.06.2017
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