Le chanteur et bassiste camerounais joue son nouvel album au Festival Django Reinhardt, puis en tournée
Richard Bona joue Heritage, son nouvel album, le jour même de sa parution, au Festival Django Reinhardt. Un festival sauvé des eaux, qui après les récentes crues a quitté exceptionnellement son port d’attache à Samois-sur-Seine (Seine et Marne) pour s’installer dans le parc du château de Fontainebleau
« Django, c’est un éclaireur de ce que je pourrais appeler “fusion”. Il était très en avance. Il mélangeait déjà ses traditions au jazz américain, au be-bop. Tout cela avec trois doigts... Just magic Django was ! »
Hommage d’un des bassistes de jazz parmi les plus célèbres de la planète au plus grand guitariste (1910-1953) du jazz manouche.
Richard Bona chante en douala, sa langue maternelle, au Cameroun, où il est né en 1967 et qu’il a quitté à 20 ans. « Un douala ancien », nuance-t-il. Celui-ci lui a été transmis par son arrière-grand-père et peu de Camerounais le parlent. Après deux mois en Allemagne, puis un séjour prolongé en France, il s’est installé aux Etats-Unis, en 1995, où il a ouvert un club de jazz il y a huit mois, le Club Bonafide, situé à Manhattan : « Ouvert tous les soirs sauf le lundi, avec des master class gratuites le dimanche pour les enfants. Le meilleur son de la ville ! »
Il ne s’offusque pas quand on parle de « fusion » à propos de son vocabulaire musical. Parce qu’il prend un vrai plaisir à raconter des histoires en métissant les esthétiques et s’amuse encore plus quand on cherche à nommer sa musique. Il se marre toujours en évoquant ce jour où un journaliste américain lui a lancé : « Vous êtes insaisissable, comme un serpent ! »
Dans des albums précédents, il a (entre autres), cuisiné à sa sauce le Brésil, le blues, demain ce sera le flamenco, nous confie-t-il. Le prochain album est quasi prêt, enregistré avec des Gitans qui ont fait honneur à sa cave, dans son pied-à-terre, en France, situé dans l’Oise.
« Un errant libre »
Ruisselant de percussions canailles et de cuivresgaillards, enregistré avec une équipe de musiciens « haut de gamme » réunissant le pianiste cubain Osmany Paredes, les stupéfiants frangins percussionnistes vénézuéliens Luisito et Roberto Quintero, le tromboniste mexicain Rey Alejandre et le trompettiste cubain Dennis Hernandez, Heritage est un album afro-cubain stimulant.
Ce qui peut fasciner chez Bona, c’est qu’il ne se perd jamais, quelle que soit la direction qu’il prend.
Question de tempérament ?
Dans la vie, il fonctionne comme cela, nous assure-t-il. « J’ai horreur de me perdre. J’aime garder le contrôle en toute chose. C’est pour cela que je ne bois pas. » Et qu’il apprécie la ponctualité.Les vertus du hasard ? Se laisser guider par l’inconnu ? S’égarer ? Surtout pas ! « Le pouvoir de pouvoir, c’est d’abord le pouvoir de vouloir. J’ai été éduqué comme cela.
Je suis un être errant libre. Je ne me sens pas appartenir à un pays, ou à un groupe. » Un homme heureux, dans le temps et les trajectoires qu’il choisit.
patrick labesse Le Monde du 23 juin 2016
Heritage, de Richard Bona & Mandekan Cubano, QWest/Membran/Sony Music. Parution le 24 juin.
En concert le 24 juin, à Fontainebleau (Seine-et-Marne), Festival Django Reinhardt (du 22 au 26 juin, avec Stochelo Rosenberg, Brady Winterstein, Didier Lockwood, Shantel, Florin Niculescu, Blick Bassy, Calypso Rose, Gregory Porter, Ibrahim Maalouf...) ; le 8 juillet à Ségré (Maine-et-Loire), Saveurs Jazz Festival ; le 21 à Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes), Jazz à Juan ; le 24 à Vincennes (Val-de-Marne), Paris Jazz Festival.
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