A l'occasion du 50ème anniversaire du chef-d'oeuvre de John Coltrane, Verve publie pour la première fois l'intégralité des sessions d'enregistrement dans le coffret "A Love Supreme: The Complete Masters".
Si Miles Davis a son "Kind of Blue", "A Love Supreme" est sans aucun doute le chef-d'oeuvre du saxophoniste John Coltrane, non pas parce qu'il fût son plus grand succès commercial, mais par son influence sur la musique de la seconde moitié du XXème siècle, dépassant ainsi largement le cadre du jazz. Sorti en février 1965 et succédant à "Crescent", "A Love Supreme" a été enregistré le 9 décembre 1964 au studio de Rudy Van Gelder pour le label Impulse!. Une deuxième session fût organisée le lendemain avec le saxophoniste Archie Shepp et le bassiste Art Davis complétant le fameux quartet de Coltrane.
"A Love Supreme", une suite spirituelle et mystérieuse en quatre parties dont l'ensemble des prises est aujourd'hui dévoilée dans le coffret "A Love Supreme: The Complete Masters" qui révèle, entre autres raretés, 30 minutes de musique inédite et la seule version live existante de l'album captée un soir de juillet 1965 au festival de jazz d'Antibes :
John Coltrane played ”A LOVE SUPREME"
Décembre 1964, John Coltrane est débarrassé de ses addictions et plus spirituel que jamais. Son quartet légendaire (le pianiste McCoy Tyner, le contrebassiste Jimmy Garrison et le batteur Elvin Jones) est à son sommet, même si il se séparera l'année suivante. Musicalement, le saxophoniste pousse l’improvisation modale jusqu’aux limites du free. Mais le disque est aussi un jalon par sa quête d’une spiritualité qui s’exprime notamment dans un poème écrit par Coltrane. Cette suite en quatre mouvements se présente comme une prière instrumentale. "A Love Supreme" décrit les différentes étapes du parcours du croyant vers Dieu : reconnaissance d’une force suprême (Acknowledgement), résolution à la vénérer (Resolution), poursuite de la foi malgré les obstacles (Pursuance) et enfin psaume, chant, louange du divin (Psalm).
Un cheminement simple, clair, quasi œcuménique. Une musique lumineuse, inspirée et inspirante. Un refrain qui sonne comme un riff entêtant à la fin de la première partie : "A Love Supreme" répété tel un mantra. Mais derrière ces évidences se cache un véritable mystère. Ce disque, Coltrane ne l’a jamais expliqué à ses complices musiciens, ni a ses proches et chacun y va de son interprétation. Le mystère appartient à la beauté intemporelle de cette œuvre.
Parmis les innombrables hommages ou reprises de "A Love Supreme" voici celle de Carlos Santana et Mahavishnu John McLaughlin en 1973 :
Carlos Santana et Mahavishnu John McLaughlin en 1973 : a love supreme
A lire : Lewis Porter, John Coltrane - Sa vie, sa musique, Outre Mesure, coll. « Contrepoints » (2007)
Guillaume Schnee FIP le 6 octobre 2015
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