Le duo français est très attendu demain à Marseille
The Dø est sans conteste le groupe français le plus exaltant de sa génération. Il le prouve une nouvelle fois avec ce troisième album Shake Shook Shaken, véritable machine à provoquer des secousses. Il faut dire que Dan Levy et Olivia Merilahti, qui avaient accolé en 2005 la première lettre de leur prénom pour fonder leur groupe, ont connu eux-mêmes quelques bouleversements personnels. En couple à la vie comme à la scène, Dan et Olivia ont su passer le cap de la séparation. Leur nouvel opus qui met dans un shaker tous les sentiments est une petite révolution. Interview de la chanteuse franco-finlandaise.
Est-ce qu'on peut dire que c'est un album de rupture ?
The Dø : Quand on commence à travailler sur un disque, on ne sait jamais vraiment où on va. C'est comme si on était dans le noir et qu'avec une lampe torche, on ne distinguait que les contours de quelque chose. Au début, on était surtout intéressé par l'idée de voir ce qu'on pouvait faire avec le moins de matériel possible, juste un ordinateur, un clavier-maître et des instruments virtuels dans l'ordinateur. L'intention était de rendre désirable des outils qui ne l'étaient pas vraiment pour des amoureux d'instruments comme nous. On s'est équipé de boîtes à rythme vintage ou neuves pour se séparer un petit peu de la voix-batterie qu'on avait vraiment beaucoup utilisée. C'était une approche peut-être plus minimaliste.
L'expérimentation, c'est le moteur de votre création ?
The Dø : On aime bien avoir entre les mains une matière ou des outils qu'on ne maîtrise pas. Ça nous donne l'impression d'être plus créatif (rires). C'est notre façon d'avancer. On aime bien avoir cette forme de maladresse au départ qui favorise les idées fraîches.
Cette nouvelle façon de faire explique-t-elle la structure plus frontale de vos morceaux ?
The Dø : On le voulait dès le départ. Ça aurait été le cas avec n'importe quel autre instrument. On était à la recherche d'une certaine énergie. On avait aussi constaté que certaines subtilités étaient trop difficiles à traduire sur scène. Cette volonté d'être plus direct c'était sans doute en lien avec nos vies. Quand on vit des moments difficiles, on a envie de tourner la page un peu vite, de tuer tous ces démons-là. Il fallait aller de l'avant, ne pas s'apitoyer, ne surtout pas être en position de victime. Alors, on était dans l'énergie. Et ça nous a beaucoup plu.
C'est un album qui a été fait à distance ?
The Dø : Il y a eu une première phase de travail chacun de son côté. On l'a toujours fait. Mais là un peu plus... Je pense que c'est nécessaire. Dans un duo, c'est essentiel de cultiver les différences. Bien sûr, il faut des réactions communes mais il faut aussi des influences qui viennent d'ailleurs. C'est fondamental pour enrichir une collaboration. On s'envoyait plein d'idées musicales, visuelles, culturelles, des mots, n'importe quoi, tout ce qui pouvait être échangé par Internet. Un jour, on s'est senti prêt pour enregistrer. Mais sur une période assez courte. Le fait d'avoir eu peu de jours devant nous a été bénéfique.
Est-ce que dans vos moments durs The Dø aurait pu s'arrêter ?
The Dø : Euh... Il n'en a jamais été question. On est resté obsédé par l'idée de faire de la musique ensemble.
Annabelle Kempff, La Provence du 16.10.2015
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